Plainte de Gérald Darmanin contre Audrey Pulvar : indécence, populisme et guignolade

Il y a quelques heures, par voie de tweet, Gérald Darmanin informait qu’il portait plainte contre Audrey Pulvar. Dans un message sybillin, il disait déposer plainte pour le compte du ministère de l’Intérieur à l’endroit de la candidate aux élections régionales dans la mesure où les propos de cette dernière auraient excédé ce qui est tolérable à l’occasion d’une campagne électorale.

Aussitôt, les médias ont relié cette annonce aux propos prononcés par Audrey Pulvar dans le cadre de la manifestation des policiers, mercredi dernier. Mais pourquoi donc le ministre de l’Intérieur aurait-il attendu 4 jours pour annoncer, par tweet, une plainte contre des propos qui étaient d’emblée publics et dont il a évidemment eu connaissance immédiatement ?

Sans doute parce que Gérald Darmanin ne fait pas référence aux propos tenus par Audrey Pulvar ce jour-là. Il fait sans doute référence aux propos tenus par Audrey Pulvar dans une vidéo qui circule depuis plusieurs heures et sur la base de laquelle le syndicat des commissaires de la police nationale a réclamé, par tweet, une plainte de la part du ministre.

(https://twitter.com/ScpnCommissaire/status/1396481736096239616).

Plainte qui donc, quelques instants plus tard, était annoncée par le ministre (et par le même canal).

Problème : la vidéo qui semble avoir suscité chez Gérald Darmanin l’annonce d’une plainte n’a aucun rapport avec la présente campagne électorale mais remonte au …9 juin 2020 ! En effet, ces propos sont ceux qu’Audrey Pulvar a prononcés à Paris, place de la République, lors de l’hommage organisé ce jour-là par SOS Racisme à George Floyd dont l’enterrement se déroulait au même moment à Denver. Ces propos d’ailleurs n’avaient rien de secret puisque prononcés devant plusieurs milliers de personnes lors d’un rassemblement diffusé en direct sur des chaînes d’info.

Au final, Gérald Darmanin s’est précipité à annoncer une plainte en se « plantant » magistralement, ce qui montre le peu de sérieux que le ministre accorde à la réalité des propos et des faits et l’immense intérêt qu’il porte à surfer sur des polémiques relayées par la fachospère.

En outre, Gérald Darmanin peut désormais s’enorgueillir d’un titre assez unique : il est sans doute le seul ministre de l’Intérieur d’un pays démocratique à engager des poursuites contre une personne pour avoir dénoncé le racisme suite au meurtre de George Floyd.

Enfin, cette lamentable affaire montre, une fois de plus, le crédit accordé à certains responsables politiques aux haines, déformations, mensonges, excitations qui circulent du fait de l’extrême-droite sur les réseaux sociaux.