30 décembre 1896 : José Rizal, héros national philippin, est fusillé par les autorités coloniales espagnoles

Aux Philippines, le héros national incontesté est un artiste, poète et romancier : José Rizal, fusillé le 30 décembre 1896 à Manille. En Asie du Sud-Est, aucun autre pays ne connaît un héros national aussi écrasant que José Rizal.

Né en 1865 au sein d’une riche famille sino-tagale, Rizal est programmé pour être chirurgien. Mais il devient aussi l’un des linguistes les plus brillants de son époque. Après moults voyages lors de sa formation, il finit par maîtriser 23 langues et manie surtout la sienne avec talent. Acteur de son temps, il initie également des projets de réformes démocratiques des Philippines au sein du Mouvement de propagande des étudiants philippins d’Espagne. Il s’agit de promouvoir l’idée de l’indépendance et de la décolonisation, face aux autorités coloniales espagnoles. Et il écrit. Des livres politiques, des pamphlets, des articles militants, contre le pouvoir religieux, pour l’émancipation, l’insurrection, la liberté philippine, et autres sujets qui sonnent comme des défis aux yeux du colonisateur espagnol. Interdits de publication, ces textes circuleront néanmoins clandestinement, notamment via des groupuscules révolutionnaires et secrets.

Il est arrêté du fait de cet activisme politique. Il mettra à profit son exil forcé sur l’île de Mindanao pour fonder une institution pédagogique de langues et techniques agricoles de pointe tout en maintenant son activité médicale de chirurgien-ophtalmologue.

Durant la guerre civile qui éclate en 1896, José Rizal émettra des critiques très sévères à l’endroit des méthodes des tenants proclamés de la révolution mais aussi à l’endroit de leur niveau de formation qu’il juge insuffisant. Pour José Rizal, qui se réclame d’un réformisme lucide, l’indépendance et la décolonisation politique n’étaient que le début d’un processus et ne devaient pas se conclure par un simple déplacement de l’autorité, sans quoi les anciens esclaves deviendraient de nouveaux tyrans.

Malgré ces critiques, José Rizal est un danger pour l’ordre colonial. L’étau se resserre donc autour de lui, et ce d’autant plus que son nom circule dans les milieux révolutionnaires où il est devenu une référence aux yeux de certains. Il souhaite s’engager alors comme médecin à Cuba, ce qui lui permettrait de se mettre hors de portée des autorités coloniales qui administrent les Philippines. Mais il est trop tard. Rattrapé en cours de route par les Espagnols, il est renvoyé à Manille et incarcéré. Après une parodie de procès, il est condamné pour trahison et fusillé. Il avait 35 ans.

Mais l’Espagne en fait un martyr, et ce symbole d’injustice catalyse le soulèvement du peuple jusqu’à la défaite en 1898 du pouvoir espagnol. Cette perte de pouvoir de l‘Espagne se fait cependant au profit des Etats-Unis auxquels l’Espagne, défaite à l’issue de la guerre hispano-américaine, est amenée à céder une partie de ses anciennes colonies qui deviennent des zones d’influence des Etats-Unis. Ces derniers garderont dans leur giron les Philippines jusqu’à leur réelle indépendance en 1946.

Sur le mémorial qui lui est dédié à Manille, dans le parc éponyme, on peut lire : « Je veux montrer à ceux qui nous refusent le droit au patriotisme que quand nous savons nous sacrifier pour notre devoir et nos convictions, qu’importe la mort si on meurt pour ce qu’on aime – pour sa patrie et pour les êtres qui nous sont chers. »

 

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