Viktor Orban ouvre la chasse aux musulmans

En ce 21 septembre 2015, le premier ministre de Hongrie - Viktor Orban - a autorisé son armée à tirer à balles réelles sur les migrants. Une nouvelle étape dans l'ignoble vient ainsi d'être franchie.

Après s’être fait connaître pour s’en être pris aux contre-pouvoirs et notamment les médias, Viktor Orban a poursuivi dans sa dérive à travers la montée en puissance d’un discours raciste de plus en plus hystérique à l’endroit des migrants.

Ce discours raciste, qui s’est traduit par des actes de plus en plus insensés – barrières de barbelés aux frontières, expulsion manu militari de migrants vers d’autres pays,… -, se déploie donc à un nouveau niveau: celui d’administrer la mort à des civils, qui auraient le tort d’être des musulmans considérés non pas comme des réfugiés fuyant une zone de conflit mais comme les ennemis mortels de la culture européenne telle qu’imaginée par Viktor Orban : une culture fermée et fondée sur une identité constamment mise en danger – danger mortel – par la figure de l’Autre.

La dérive fasciste du régime de Viktor Orban doit amener l’Union européenne à enfin réagir sérieusement en prenant, si besoin en était, des sanctions adéquates.

Que signifie l’idéal européen si on accepte sans ciller qu’un de ses pays l’assassine un peu plus chaque jour?

Car rappelons une vérité qui semble avoir du mal à se faire entendre avec la force nécessaire : Viktor Orban n’est évidemment pas le défenseur de l’idéal européen : il en est le fossoyeur.

La crise des réfugiés, née de crises lointaines mais aussi des égoïsmes nationaux ici, sera l’occasion d’une solidarité réaffirmée ou d’une déliquescence de nos valeurs d’accueil, d’égalité et de démocratie. Viktor Orban vient officiellement de déclarer l’ouverture de la chasse aux Arabes. Plusieurs heures après cette annonce qui aurait dû sonner comme un formidable coup de tonnerre au sein de toutes les chancelleries et des institutions européennes, je n’ai constaté aucune réaction officielle, ou de si faible intensité qu’elle aura échappé à ma vigilance.

Aux institutions européennes et aux Etats membres de prendre leurs responsabilités!

Mais au-delà des institutions, c’est également aux citoyens de manifester leur révulsion face à une sortie qui montre que l’acceptation d’une dérive n’est finalement que l’évitement temporaire d’une crise, appelée inéluctablement à éclater par la poursuite sans cesse plus affirmée de ladite dérive.

Or, aujourd’hui, quelle anesthésie ! Quelle placidité face à l’insoutenable ! En démocratie, la faculté qui nous est donnée de nous exprimer – par des paroles et par des actes – est normalement l’antidote le plus puissant face au populisme d’Etat et aux dangers qu’il porte en lui.

Est-on à ce point habitué aux dérives nationalistes, populistes et racistes de ces dernières années que nous ne soyons plus capables de nous émouvoir face à des décisions politiques dont la finalité est de mettre sciemment et de façon assumée la vie des civils en danger, sur la base de leurs origines ou de leur religion ?

L’histoire nous enseigne une chose : lorsque l’on laisse l’hystérie raciste atteindre un certain point, la seule façon de revenir à une situation ex-ante, c’est le passage à l’acte meurtrier, suivi de la phase d’hébètement et de honte qui ramène donc à la période antérieure à la montée des haines.

L’image qui me vient à l’esprit est celle du feu mis à la plaine. Le début de l’incendie est maitrisable, sa croissance demande de gros moyens afin de le stopper mais, à un certain point, il est inéluctable que la plaine soit consumée. Et dans cette combustion, ceux-là même qui ont joué aux incendiaires peuvent d’ailleurs à l’occasion être les victimes de leur acte initial.

Dans le cycle pénible que vivent aujourd’hui maints pays européens – à travers la montée des extrêmes droites traditionnelles, des populismes de tout poil, de l’islamisme,… -, il faut toujours avoir à l’esprit que l’on ne sait jamais lorsque le point de non-retour est atteint, sauf éventuellement à titre rétrospectif.

En tout cas, une chose est certaine : pour que ce point de l’inéluctable ne soit pas atteint, il n’existe que l’antidote de la mobilisation.

Il est – encore – temps de réagir !

Par Dominique SOPOlarrybird-2
Président de SOS Racisme

Tribune publiée le 22 septembre 2015 dans Le Huffingtonpost