« Salam, Shalom, Salut » – SOS Racisme lance son nouveau projet !

Ce mercredi 7 novembre 2018, SOS Racisme lance son nouveau projet : "Salam, Shalom, Salut" - Face à la haine, la jeunesse prend ses responsabilités. Ce projet a vocation à mettre en place un espace de discussion dans tout le territoire français autour de la question des relations multiples et complexes entre les Juifs et les Arabes.

« Salam Shalom Salut », ce sont des jeunes, Juifs et Arabes, qui partiront à la rencontre de leurs concitoyens afin d’exprimer leur volonté de vivre ensemble et de lutter côte à côte contre le racisme et l’antisémitisme. Ce tour de France sera l’occasion pour ces jeunes de réfléchir à leur complexité identitaire, à leurs appartenances multiples nourries par leurs histoires singulières et leur présent commun et de les partager.

Des jeunes Juifs et Arabes impliqués dans des formations menées par des historiens notamment au contexte de leurs relations depuis l’Histoire précoloniale et coloniale du Maghreb, l’Histoire de leur immigration en France ou encore à l’aune du conflit israélo-palestinien, partiront à la rencontre de leurs concitoyens sur tout le territoire afin d’exprimer leur volonté de vivre ensemble et de militer côte à côte contre le racisme et l’antisémitisme. Ce message veut contrer l’évolution mortifère qui traverse une partie de notre société.

Le dialogue pour lutter contre la peur

En France tout particulièrement, la question des relations entre Juifs et Arabes est extrêmement tendue avec la montée de l’islamisme, du djihadisme et suite aux attentats qui y sont liés ces dernières années. Les assassinats perpétrés par Mohamed Merah en 2012 et l’attaque de l’HyperCacher en janvier 2015, ont ciblé des personnes juives, et des enfants juifs, installant la terreur et les peurs à l’encontre des arabo-musulmans. Parallèlement mais plus anciennement, le conflit israélo-palestinien tend à être présenté comme une pomme de discorde indépassable, contribuant à creuser un fossé entre des « groupes » dont les origines, la culture, l’histoire voire les attaches familiales les amènent à exprimer une sensibilité en faveur soit des Palestiniens, soit des Israéliens.

Ces deux « groupes » sont vécus comme particulièrement antagonistes. Les peurs, les rancoeurs, les incompréhensions léguées par une histoire commune au Maghreb qui s’acheva brutalement et dans le silence ont pu laisser se développer, une fois passée la solidarité d’exils concomitants, un éloignement et une opposition permettant l’utilisation de chacun de ces groupes pour frapper l’autre. Tandis que des mauvais génies, parfois et même souvent ni Juifs ni Arabes, s’ingénient à dire aux Arabes que leurs problèmes seraient le fait des Juifs, d’autres mauvais génies s’échinent à expliquer aux Juifs qu’ils ont bien raison de craindre les Arabes.

Deux groupes victimes de racisme

De ce fait, bien loin de vouloir régler des problèmes ou de se questionner dessus, ces deux camps poursuivent l’objectif de connecter chacun de ces groupes à des forces extrémistes porteuses d’une haine anti-juive ou d’une haine anti-arabe. Parce qu’il est en partie fondé dans l’imaginaire collectif sur l’alliance entre Juifs et Arabes, tous victimes d’un racisme historique prenant ses racines dans la pensée racialiste, l’antiracisme se trouve pris à revers. En effet, des extrémistes se mettent à pouvoir se présenter – avec une certaine crédibilité accordée par une partie de la jeunesse mais également par des journalistes, des « intellectuels » ou des responsables politiques – comme luttant contre le racisme ou l’antisémitisme.

Or, si l’alliance judéo-arabe fait place à une guerre ou une animosité entre Juifs et Arabes, c’est que l’antiracisme aurait été, au mieux de la naïveté, au pire un mensonge. On remarquera enfin que la façon de « gérer » ces tensions a consisté, depuis de trop nombreuses années, à valoriser le seul prisme religieux. Or, la problématique n’est pas tant une problématique judéo-musulmane qui se réglerait par la mise en avant d’ententes entre des rabbins et des imams. La problématique est une problématique judéo-arabe car là se situe le nœud passionnel sur lequel jouent les nouveaux tentateurs, un nœud dont la véritable nature est masquée par plusieurs éléments :

– l’utilisation du terme « musulman » à la place du terme « arabe », alors même que tout le monde comprend bien que le terme « musulman » désigne bel et bien les « Arabes ».

– l’occultation d’une dimension raciste, notamment concernant le rapport de la France aux Arabes ; une occultation d’autant plus facile que la porte d’entrée religieuse permet de masquer le racisme derrière la défense de la laïcité.

Une action primordiale

L’action de ces jeunes est primordiale afin que d’autres jeunes s’identifient à eux et, surmontant la violence des réseaux sociaux ou des pairs qui peut se déployer dès que l’on oeuvre à la fraternité, les amener à s’affirmer dans l’espace public, intime et militant comme acteurs du vivre ensemble. Pour que l’identification fonctionne, les jeunes doivent être capables de « mettre du leur », en parlant des récits familiaux, des récits collectifs, des mythes dont ils sont porteurs. Ils doivent être également capables de connecter leur « petite histoire » à la « grande histoire » (et ainsi permettre aux jeunes de comprendre de quelles dynamiques ils sont le produit, la question des relations Juifs-Arabes ou de la présence des Arabes et des Juifs sépharades en France ne pouvant pleinement s’expliquer sans la prise en considération des réalités au sein desquelles leurs aïeux ont été plongés).

Les jeunes devront aussi être capables de mettre du « nous » générationnel, inclusif de toute la jeunesse de France et ainsi parler de leur expérience quotidienne, de leur désir commun de faire société, de vivre ensemble dans la fraternité en refusant les logiques de haine.

Ce projet est en partenariat avec l’Union des Etudiants Juifs de France, Jalons pour la Paix, Scouts Musulmans de France, Éclaireuses et éclaireurs Israélites de France et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

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