4 avril 1968 : assassinat de Martin Luther King Jr

Fils et petit fils de pasteurs, ses parents lui inculquent très jeune le principe qui doit guider la vie d’un King : "traiter chaque être humain avec respect".

 


Jeune enfant, le meilleur ami de Martin était un blanc, et dès leur premier jour d’école, ils furent séparé par la ségrégation en vigueur en application du principe « égaux mais séparés ». En 1944 à l’âge de 15 ans, il entre à l’université, au Morehouse College d’Atlanta. Il choisit la sociologie comme dominante et à l’obtention de son diplôme en 1948 il entre au Séminaire Théologique de Crozer, pour suivre des études de théologie. Il devient en 1953 pasteur de l’église baptiste Dexter Avenue à Montgomery en Alabama, obtient son doctorat de théologie en 1955

King est à cette période déjà membre du comité exécutif de la National Association for the Advancement of Colored People (association nationale pour la promotion des Hommes de couleur), fondée en 1909 par Web Dubois, la NAACP se définissait comme un mouvement intégrationniste luttant contre les lynchages, l’exclusion en se fondant sur la médiatisation, les groupes de pression et les plaintes devant les tribunaux,

La « rencontre » avec Rosa Park

Le 1er décembre 1955 à Montgomery la ville où réside Martin Luther King Jr, Rosa Parks emprunte le bus qui doit la ramener chez elle. James Blake, le chauffeur du bus lui demande de se lever pour laisser sa place assise à un homme blanc, sa réponse fut « Non« . Alors qu’il menaçait d’appeler la police, Rosa Parks répondit : « faites donc« . Peu après, elle était arrêtée et conduite au poste de police, sans savoir que son geste de résistance allait marquer l’Histoire et lui faire rencontrer Martin Luther King Jr.

Rosa Parks est condamnée à payer une amende pour violation des lois de l’État d’Alabama. Afin de regrouper l’ensemble des initiatives de soutien, pasteurs et leaders noirs créent le 5 décembre la Montgomery Improvement Association et lorsque vient le moment d’en désigner le président, les militants proposent d’élire le jeune pasteur de Dexter Avenue, nommé à Montgomery depuis peu : Martin Luther King Jr.

Il dirige ce qui va constituer la première grande et la plus longue (382 jours) campagne non-violente de l’histoire contemporaine effectuée par des noirs aux Etats-Unis : le boycott des autobus de Montgomery. Martin Luther King est arrêté durant cette campagne, sa maison est attaquée à la bombe incendiaire en janvier 1956, et il est victime de violences physiques. Mais le boycott se termine par une décision historique de la Cour Suprême des Etats-Unis le 21 décembre 1956 qui déclare illégale la ségrégation dans les autobus, restaurants, écoles et autres lieux publics.

Une décennie de luttes pacifiques
Manif MLK Rosa Parks

 

En 1957, il participe à la fondation de la Southern Christian Leadership Conference (SCLC, « Conférence des dirigeants chrétiens du Sud »), dont il restera président jusqu’à sa mort. La SCLC participe activement au Mouvement pour les droits civiques en organisant les églises afro-américaines pour conduire des actions non-violentes fidèle en cela à la pratique de la désobéissance civile utilisée avec succès par Gandhi. Il expose en 1958 son point de vue sur la ségrégation raciale et la spirale d’inégalité et de haine qu’elle provoque dans le livre Stride toward freedom; the Montgomery story (« la marche vers la liberté ») Alors qu’il dédicace son livre il est poignardé par Izola Curry, une femme noire qui l’accuse d’être un chef communiste et qui sera jugée comme déséquilibrée. Martin Luther King échappe de peu à la mort.

Le mouvement organisés contre les lois Jim Crow* prendre de l’ampleur et bénéficier d’une grande couverture médiatique et par effet induit se produit une vague de sympathie au sein de l’opinion publique pour le mouvement des droits civiques qui devient le sujet politique le plus important de l’Amérique de ce début des années 1960. Martin Luther et le SCLC appliquent sans relache et avec succès les principes de manifestation non-violente en choisissant stratégiquement les lieux et la méthode de protestation qui aboutissent à des confrontations spectaculaires avec les autorités ségrégationnistes comme à Albany, Birmingham dont la médiatisation renforce le mouvement des droits civiques et contribuent à la réussite de la marche sur Washington du 28 août 1963.

En dépit des tensions, la marche est un énorme succès. Plus de 250 000 personnes sont présentes ce 28 août 1963 et entendent Martin Luther King et son illustre discours « I have a dream » où il manifeste sa volonté et son espoir de connaître une Amérique fraternelle.

MLK 3

L’année 1965 est une année charnière pour le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Martin Luther King est auréolé de son prix Nobel de la paix (octobre 1964), et un nouveau président démocrate, Lyndon B. Johnson, vient d’être élu (en novembre 64).

Mais les tensions raciales sont à leur comble, avec la négation persistante des droits civiques des Noirs dans le Sud, et l’assassinat du leader radical Malcolm X à Harlem, le 21 février 1965.

 

Au début de l’année 1965, Luther King s’engage de tout son poids pour l’inscription des Noirs sur les listes électorales dans les Etats ségrégés du Sud. Il souhaite faire de Selma en Alabama un symbole. Plusieurs marches, notamment de Selma à Montgomery (capitale de l’Etat), sont organisées. Violemment réprimées par la police, trois d’entre elles se solderont par des décès de manifestants.

Sous la pression du mouvement, le président Johnson signe le Voting Rights Act en août 1965, qui devait permettre  l’inscription de tous les Noirs sur les listes électorales sans restriction ainsi que le plein exercice de leur droit de vote.

À partir de 1965, Martin Luther King prend position sur la guerre du Viêt Nam et en 1967 un an avant sa mort il fait à New-York un discours dans lequel Il dénonce l’attitude colonisatrice des États-Unis et ou il qualifie le gouvernement américain de «plus grand fournisseur de violence dans le monde aujourd’hui ».

poor people march

Martin Luther King s’était fixé comme objectif dès 1956 de « Racheter l’âme de l’Amérique des triples maux du racisme, de la guerre et de la pauvreté ». En 1967 son action avait déjà eu un effet considérable sur le racisme, le mouvement anti-guerre était en pleine croissance. Le seul volet qui restait à traiter était celui de la pauvreté. En mars 1968, il prononce un discours à Marks, dans le comté de Quitman au Mississipi, d’où il choisit d’entamer une marche sur Washington au nom de la Campagne pour les pauvres. « Même si le comté de Quitman est le plus pauvre des États-Unis, c’est criminel de laisser des gens vivre dans de telles conditions ». Il promet «l’arrivée en masse de centaines de milliers d’individus, blancs et noirs» à Washington, et annonce son intention «d’importuner le Congrès et le président jusqu’à ce qu’ils fassent quelque chose».

En 1967, Près de 30 % de la population ne bénéficiaient pas des programmes sociaux du New Deal et il y avait plus de blancs que de noirs parmi eux. Lorsque Martin Luther King commence la Campagne pour les pauvres, il ne voulait pas qu’elle devienne un mouvement racial. En l’organisant, Martin Luther King prend soin d’y faire participer des Hispaniques, des Amérindiens ainsi que des blancs pauvres des zones urbaines et rurales.

Fin mars 1968 un mois avant la date prévue pour lancer la campagne Poor People’s Campaign,Martin Luther King se rend à Memphis pour soutenir une grève des éboueurs noirs. Des violences éclatent autour des marches pacifiques, un jeune Afro-Américain est tué.

Le 3 avril, au Mason Temple  Martin Luther fait un discours prophétique « J’ai été au sommet de la montagne » et le lendemain il est assassiné par un ségrégationniste Blanc sur le balcon du Lorraine Motel. Son assassinat provoque une vague d’émeutes dans plus d’une centaine de villes des États-Unis qui fait de nombreux morts et nécessite l’intervention de la garde Nationale. Cinq jours plus tard, le président Johnson déclare un jour de deuil national, le premier pour un Afro-Américain, en l’honneur de Martin Luther King. 300 000 personnes assistent à ses funérailles et des émeutes de colère éclatent dans plus de 100 villes faisant 46 victimes.

 

 

 

 

 

*Les lois Jim Crow : Profitant du régime fédéral qui confère à chaque État américain une très grande liberté dans la façon de régir le statut de ses habitants, à partir de 1876 les onze ex-États sécessionnistes purent contourner la loi pour édicter des « codes noirs ». Ces lois interdisaient par exemple les mariages interraciaux et imposaient une séparation entre Noirs et Blancs dans les transports, les lieux publics, les établissements scolaires mais aussi chez les barbiers et lors des matchs de base-ball amateur (Géorgie), dans les spectacles de cirque (Louisiane), aux entrées des hôpitaux (Mississippi), dans les bibliothèques (Caroline du Nord) ou encore dans les cabines téléphoniques (Oklahoma), etc. De façon plus subtile et insidieuse, ces codes intervenaient également sur le terrain des droits civiques et en particulier sur celui du droit de vote, entravé par de multiples tracasseries réservées aux seuls Noirs comme des taxes au bureau de vote, des tests d‘alphabétisation ou d’hérédité, des découpages électoraux tarabiscotés ; autant d’obstacles érigés dans le seul but de les décourager de voter et d’accéder aux postes de décision.

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