Marseille : l’unité et la solidarité comme remparts contre la haine

A l’appel de plusieurs organisations associatives, syndicales ou politiques, un rassemblement citoyen avait lieu, mardi soir, sur le Vieux-Port.

L’affaire a eu un énorme retentissement : la tentative d’assassinat, en début de semaine passée, d’un enseignant juif devant un lycée de Marseille par un adolescent revendiquant agir au nom de Daech, a entraîné un flot de condamnations unanimes et de commentaires. Débat sur le port de la kippa, visite du ministre de l’Intérieur… ont agité la ville. Le tout dans un contexte pesant post-attentats.

Passé le coup de la sidération et de l’émotion, de nombreuses organisations associatives, syndicales ou politiques ont convié, hier soir, la population à un rassemblement, sous l’ombrière du Vieux-Port. « Tous unis contre la haine » était le mot d’ordre. Comme signe de ralliement, le Département éducatif de la jeunesse juive (DEJJ) distribue des kippas en papier. « Il y a écrit dessus touche pas à ma kippa, comme on aurait pu mettre touche pas à ma croix ou à mon voile », glisse l’un d’entre eux.

« Ne pas reculer »


 

Car c’est bien à une démonstration de vivre ensemble, loin de tous communautarismes, à laquelle les participants ont assisté. « Il est important que ce rassemblement ne se soit pas fait à l’appel uniquement d’organisations juives, juge Dominique Sopo, président de SOS Racisme. Que la solidarité de tous puisse s’exprimer face à l’idéologie raciste. » « Une idéologie de haine », embraye Michèle Veillard, de la Licra Marseille, pour qui « il faut raconter aux enfants ce qu’est la fraternité et dire non à ces gens qui veulent nous démolir et nous désunir ».

Il est certain que l’agression du professeur « parce qu’il était juif » aurait eu un écho moins important s’il n’y avait eu les attentats de 2015. « Nous sommes tous égaux face à ce terrorisme aveugle. » « Nous allons nous battre pour défendre nos valeurs et ne pas reculer car le problème n’est pas la kippa mais l’intolérance », estiment les représentants du centre Fleg.

Paix, solidarité, fraternité, laïcité, unité, autant de vœux clamés haut et fort hier et qui s’opposent à la haine, la violence ou la division prônées par toutes formes d’extrémismes. « Pour ne pas que les jeunes ne tombent vers Daech, il faut leur offrir des débouchés en terme de logement et d’emploi », défend Carolina Faye (Unef), quand Lina Fournier (UNL) milite « pour la laïcité, la culture et les arts au sein des lycées et développer la tolérance ».

Les différents porte-paroles du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, l’Amitié judéo-chrétienne et du Cran (Conseil représentatif des associations noires de France) se sont aussi exprimés. à l’unisson de « Marseille, ville fraternelle et cosmopolite », ils ont aussi porté un message de soutien et d’amour. Une image d’unité qui vaut tous les discours.

par Florent de Corbier (La Marseillaise)