1915-2016 : nous commémorons en Turquie le génocide des Arméniens !

Les Arméniens se recueillent sur la place Taksim à Istanbul : « Cette douleur est notre douleur, ce deuil est notre deuil à tous. »

 

1915-2016. Cela fait 101 ans qu’a débuté le génocide des Arméniens dans l’Empire ottoman. Un massacre au cours duquel un million et demi d’Arméniens ont été assassinés.

Cela fait 101 ans, 101 ans de trop, que le négationnisme de ce crime se situe au cœur de la politique et de la diplomatie de l’Etat turc, qui a été fondé notamment sur la spoliation des Arméniens et la destruction de leur culture.

Cela fait 101 ans que le négationnisme continue de faire des victimes, nourrit le nationalisme, alimente des conflits et empêche le déploiement de la liberté d’expression et de la démocratie en Turquie.

Cela fait quelques années que des voix, de plus en plus nombreuses et soutenues par la société civile européenne, s’élèvent au sein de la société civile en Turquie pour reconnaître la réalité du génocide et commémorer en Turquie sa perpétration. C’est dans ce cadre que se tiennent, depuis 2010, les commémorations en Turquie.

Nous, Européens, Arméniens, Turcs et Kurdes, qui avons initié, organisé, soutenu ou participé à ces commémorations, appelons tous les individus épris de vérité à commémorer, ensemble et pacifiquement, à Istanbul le 24 avril  le génocide perpétré contre les Arméniens.

En effet, la commémoration de ce génocide n’est pas l’affaire uniquement des Turcs et des Arméniens mais de l’humanité entière, et c’est notamment au sein de la société turque que se situe aujourd’hui la ligne de front du combat contre le négationnisme.

Notre démarche partagée est universaliste. C’est une démarche de solidarité, de justice et de promotion de la démocratie, donc d’avenir.

C’est une démarche de solidarité entre tous ceux qui se battent pour la vérité historique. La ligne de clivage n’est pas entre les Turcs et les Arméniens, mais entre ceux qui combattent le négationnisme et ceux qui le promeuvent, quelles que soient leurs origines et leurs nationalités.

C’est une démarche de justice. Le génocide est l’acte politique le plus violent auquel le racisme puisse aboutir et le négationnisme en est le prolongement. Lutter contre le négationnisme, c’est ainsi lutter contre le racisme, donc pour une société plus égalitaire et plus juste.

C’est une démarche de promotion de la démocratie. Se souvenir des disparus est un acte d’humanité et de réparation symbolique qui s’impose à tous. Le faire en Turquie, c’est y accroître la liberté d’expression, c’est remettre en cause les fondements-mêmes du caractère non-démocratique du pouvoir turc.

Ainsi, commémorer en Turquie le génocide arménien permet à tous, en particulier aux jeunes générations, rassemblés autour des valeurs partagées de la démocratie, de se confronter à la vérité historique, donc de pouvoir se projeter ensemble vers l’avenir.

Nous appelons tous ceux qui partagent ces valeurs et cette vision à nous rejoindre et à commémorer, le 24 avril à Istanbul, ce triste anniversaire du génocide arménien.

 

Dominique Sopo, président de SOS Racisme,  Benjamin Abtan, président de l’EGAM (Mouvement antiraciste européen fondé par SOS Racisme), Charles Aznavour, chanteur, Bernard Kouchner, ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmet Insel, professeur à l’université Galatasaray d’Istanbul (Turquie), Amos Gitaï, cinéaste (Israël), Alexis Govciyan, président de l’Union générale arménienne de bienfaisance – Europe, Levent Sensever, porte-parole de Durde! (Turquie), Bernard-Henri Lévy, écrivain, philosophe, Özütrk Turkogan, président de l’Association pour les droits de l’homme – IHD (Turquie), Dario Fo, Prix Nobel de littérature (Italie)

 

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