En Europe #NousSommesTousFrançais #NousSommesTousJuifs #NousSommesTousCharlie

Ceux qui sont tombés à Paris étaient des nôtres: simples citoyens tués parce que juifs, combattants de la liberté d'expression, militants antiracistes, compagnons de route amicaux de toutes nos mobilisations pour une société plus juste, débarrassée du racisme, de l'antisémitisme et de l'obscurantisme, et policiers en fonction, notamment pour les protéger.

 

Les terroristes djihadistes qui ont frappé la France avec une extrême violence tentent de déstabiliser la société française et nos sociétés en Europe en même temps qu’ils mettent en acte leur funeste projet politique : détruire les libertés, en particulier la liberté d’expression qui permet la critique de la religion, exterminer les juifs, asservir les femmes, soumettre les musulmans laïques, purifier identitairement et ethniquement.

En peu de mots, en tuant des journalistes et des juifs, ils tentent non seulement d’éliminer et de terroriser ces catégories de populations, mais également d’atteindre les valeurs fondamentales de la démocratie, et espèrent faire basculer nos sociétés dans la violence.

Face à cette offensive terroriste et idéologique islamiste, nous sommes tous concernés, car la haine de ces fanatiques qui s’abat d’abord sur les juifs et sur les libre-penseurs nous frappe au cœur en tant que telle, et parce que cette haine n’a pas de limite et touchera, demain, d’autres catégories de populations.
Notre engagement est clair : nous continuerons à nous battre ensemble et sans relâche contre l’antisémitisme et le racisme, privant les terroristes d’une montée de haines qu’ils espèrent car elle leur servirait dans leur entreprise de radicalisation. Nous continuerons à lutter pour l’accroissement des libertés civiles, en particulier la liberté d’expression. Nous continuerons à attaquer les dogmes, donc à critiquer les religions, et à faire ainsi vivre la libre-pensée qui est au fondement de nos démocraties. Nous continuerons à nous construire une Europe de la solidarité, de l’égalité et de la démocratie.
En peu de mots : nous continuerons à résister à leur tentative de domination totalitaire.

Dans l’adversité, la France nous offre un exemple qui nous inspire : une société debout, intransigeante sur ses valeurs fondamentales qui sont celles de la démocratie.

Pour tout cela, aujourd’hui, partout en Europe, nous sommes tous Français, nous sommes tous juifs, nous sommes tous Charlie !

Comme l’assassinat du journaliste arménien de Turquie Hrant Dink par un nationaliste avait lancé un large mouvement de solidarité et de lutte contre le négationnisme en Turquie, comme le massacre à Utoya des Jeunes socialistes norvégiens que nous étions alors allés rencontrer à Oslo avait été le point de départ de l’engagement de la société norvégienne pour « plus de démocratie », la campagne d’attentats qui frappe la France devra marquer, c’est la seule perspective politique cohérente avec les engagements et les identités des assassinés, un renouveau de la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, pour les libertés et pour la démocratie.

Certains en France se posent la question de la présence dans les mobilisations d’hommage de l’extrême droite française, c’est-à-dire des héritiers de ceux qui ont donné la France à l’Allemagne nazie pour mieux abattre la République française et qui se vendent aujourd’hui à Poutine, le massacreur des Tchétchènes, celui qui fait la guerre à l’Europe en faisant la guerre à l’Ukraine. On se pose la question de la présence, lors de l’hommage à des militants antiracistes de toujours et à des juifs tués parce que juifs, de représentants d’un parti raciste, antisémite et xénophobe, héritier de ceux qui organisèrent l’extermination des juifs de France. De la présence des ennemis de la liberté d’expression pour rendre hommage à ceux qui sont morts de l’avoir défendue.

Or, le consensus, national, européen, doit se faire autour de valeurs, qui sont celles défendues par Charlie, qui sont celles qui, incarnées concrètement, protègent les juifs du meurtre antisémite : les valeurs de la démocratie.
Si le Front National a espéré profiter d’un moment de forte cohésion et de fragilité nationales, la société et les Français ne doivent pas tomber dans ce piège grossier qui consiste à apporter une légitimité républicaine à ceux qui sont les ennemis irréductibles de la démocratie, comme ils ne doivent pas tomber dans le piège tendu par les islamistes qui consisterait à avoir peur, à excuser, à relativiser, à nous en vouloir à nous-mêmes pour ce qu’ils nous font et pour leur haine, à ne plus exercer nos libertés, à baisser la garde dans la lutte contre l’antisémitisme et le racisme, et à faire le jeu des extrêmes en fracturant la société en groupes identitaires et religieux entre lesquels il n’y aurait d’autres relations possible que l’affrontement et la destruction.

Notre lucidité face à l’antisémitisme qui tue comme l’engagement de nos compagnons de route de Charlie Hebdo nous éclairent pour continuer à nous engager avec détermination pour une France et une Europe de la liberté et de la démocratie.

Dimanche, nous serons mobilisés, en France et dans tous nos pays, à l’unisson des mobilisations en France pour dire ensemble : stop à l’antisémitisme, vive la démocratie, vive la liberté, vive Charlie !

Dominique Sopo, Président de SOS Racisme, Benjamin Abtan, Président du Mouvement antiraciste européen EGAM,

Aldo Merkoci, Président du Mouvement Mjaft! (Assez !) (Albanie), Claudia Schaefer, Directrice Générale de Zara & Alexander Pollak, Président de SOS Mitmensch (Autriche), Xavier-Carlos Crespo, Président du MRAX (Belgique), Alma Masic, Directrice de Youth Initiative for Human Rights-Bosnia-Herzegovina (Bosnie-Herzégovine), Krassimir Kanev, Président du Comité Helsinki de Bulgarie & Deyan Kolev, Président du Centre Rom Amalipe pour le dialogue interethnique et la tolérance (Bulgarie), Mario Mazic, Directeur de Youth Initiative for Human Rights-Croatia (Croatie), Miroslav Broz, Porte-parole de Konexe (République Tchèque), Jette Moller, Présidente de SOS Mod Racisme (Danemark), Sandra Vokk, Présidente de la Fondation Unitas & Merle Haruoja, Membre du Bureau de l’Institut estonien pour les droits de l’homme (Estonie), Christian Thibault, Directeur Executif du Réseau Rasmus (Finlande), Anetta Kahane, Présidente de la Fondation Amadeu Antonio (Allemagne), Ahmed Moawia, Président du Forum Grec des Migrants (Grèce), Erika Muhi, Directrice de Neki & Stefania Kapronczay, Directrice Exécutive de l’Union hongroise pour les libertés civiles (Hongrie), Angela Scalzo, Secrétaire Générale de SOS Razzismo (Italie), Raba Gjoshi, Directrice de Youth Initiative for Human Rights-Kosovo (Kosovo), Sigita Zankovska-Odina, Membre du Bureau du Centre letton pour les droits de l’homme (Lettonie), Hristo Ivanovski, Président de l’Alliance pour les droits de l’homme (Macédoine), Valerian Mamaliga, Président de l’Institut moldave pour les droits de l’homme (Moldavie), Boris Raonic, Président de l’Alliance Civique (Monténégro), Rune Berglund Steen, Directeur de l’Antirasistisk Senter (Norvège), Paula Sawicka, Présidente de République Ouverte, Klaus Witold, Président de l’Association pour l’intervention légale, Katarzyna Kubin, Directrice du Forum pour la diversité sociale (Pologne), Marian Mandache, Directeur Exécutif de Romani Criss (Roumanie), Anita Mitic, Directrice de Youth Initiative for Human Rights-Serbia & Jovana Vukovic, Coordinatrice du Centre régional pour les minorités (Serbie), Irena Bihariova, Présidente de Ludia proti Rasizmu (Slovaquie), Daniel Poohl, Directeur d’Expo, Kalle Larson, Présidente de Centrum Mot Rasism & Lina Gidlund, Directrice du bureau antidiscrimination Upsala (Suède), Levent Sensever, Porte-parole de DurDe ! (Dis stop au racism et au nationalisme !) (Turquie), Anna Lenchovska, Directrice Exécutive du Congrès national des minorités (Ukraine)