Université de Cergy : les signaux faibles d’une dérive lancinante

L’Université de Cergy a envoyé ce lundi 14 octobre à tout son personnel une fiche afin de détecter des « signaux faibles » de radicalisation chez des étudiants ou des collègues. Face à l’émotion venue de professeurs de l’université, il a été décidé de retirer ce document qui enjoignait de signaler par exemple le « changement vestimentaire », « le port de la djellaba » ou encore « le port de la barbe sans moustache ».

SOS Racisme dénonce cette initiative, qui arrive quelques jours après des recommandations de signalement de radicalisation par le gouvernement à la suite de l’attentat qui a frappé au cœur de la préfecture de police de Paris la semaine dernière. Qu’une université puisse valider un processus de dénonciation doit nous interroger sur la société que nous souhaitons bâtir.

Malgré la juste prise de position de la ministre de l’Enseignement supérieur face à cet emballement, les initiatives et propos de divers représentants de l’exécutif participent de ce climat délétère.

Dans un contexte de recrudescence des propos et violences racistes, notamment de la part de responsables politiques d’extrême-droite ou de polémistes extrémistes à qui les médias déroulent le tapis rouge, il n’est pas envisageable que le gouvernement alimente de telles dérives. Au contraire, les amalgames entre musulmans et islamistes doivent être dénoncés vivement par les membres de l’exécutif, sans quoi ils auront participé à une montée des violences que l’agression d’une femme voilée en plein exécutif régional par un élu RN illustre de façon stupéfiante.

La banalisation des idées d’extrême-droite affaiblit la démocratie et permet ces dangereux reculs en matière de libertés et d’égalité. C’est pourquoi il n’y a jamais de « mais » lorsque se déploie et se banalise la haine raciste dans notre société.

Les nombreuses réactions indignées montrent cependant que, sans évidemment nier l’évidente nécessité de lutter contre celles et ceux qui s’appuient sur une conception dévoyée de l’Islam pour le transformer en arme de haine et de mort, nous sommes nombreux à être attachés dans notre pays au respect de la dignité des individus et au refus de la banalisation du racisme.