Mort de Jean-Paul à Sevran : quand la stigmatisation s’ajoute au drame.

Samedi dernier, Jean-Paul était tué à Sevran par le tir d’un policier actuellement placé en garde à vue pour « violences volontaires ayant entraîné la mort ». Une chose semble d’ores et déjà certaine : figure emblématique de la ville, Jean-Paul est mort dans des circonstances qui n’auraient jamais dû conduire à l’emploi d’une arme à feu à son encontre.
Pourtant, l’attention médiatique et politique sur la mort de ce père de famille d’origine haïtienne n’est pas le fruit d’une interrogation sur l’usage de la violence à l’encontre des hommes noirs dans les quartiers populaires. Elle a été essentiellement la conséquence des violences qui ont éclaté à la suite de cette mort.
SOS Racisme dénonce bien évidemment le show médiatique indigne auquel Eric Zemmour s’est livré dans la ville de Sevran qu’il semble avoir confondu avec une des multiples scènes de son très redondant spectacle raciste. Mais nous dénonçons également le traitement médiatique de cette affaire. En effet, ce traitement s’est essentiellement concentré sur les violences consécutives à la mort et non sur la mort elle-même (souvent décrite de façon approximative, sinon offensante à l’endroit de la victime, complaisamment présentée comme un « voleur »). Les destructions de biens matériels seraient-elles plus graves que la mort d’un homme habitant dans un quartier populaire et, qui plus est, noir ?
En ces moments de deuil, SOS Racisme tient à présenter toutes ses condoléances à la famille de Jean-Paul. Nous sommes également solidaires de la marche blanche à laquelle la famille a appelé ce samedi. Nous ferons par ailleurs preuve de vigilance quant à l’établissement d’une version crédible des circonstances de la mort de Jean-Paul. Nous demandons enfin aux médias – au milieu d’un climat de racisme envers de larges pans de la population et de malveillances à l’endroit des quartiers populaires et notamment de sa jeunesse – de réfléchir à leur responsabilité dans la fabrication et la propagation d’imaginaires propices à l’usage manifestement disproportionné de la force à l’endroit de citoyens un peu trop bronzés aux yeux des racistes.