Immigration : d’inquiétants propos présidentiels

C’est avec inquiétude que SOS Racisme a pris connaissance des propos tenus par le chef de l’Etat ce lundi 16 septembre devant les parlementaires de la République en marche. En effet, à cette occasion, et au nom de la nécessité de « préparer notre pays aux défis contemporains qui font peur », Emmanuel Macron s’est livré à une sortie violente contre l’immigration, bien loin de ses propos « pro-Merkel » tenus en 2015 au plus fort de l’arrivée de migrants fuyant la Syrie.

Liant allègrement la lutte contre la délinquance et l’immigration illégale, Emmanuel Macron s’est posé en garant de la compréhension de ces enjeux pour les quartiers populaires, disant refuser les « bons sentiments » et que son parti soit un parti de bourgeois de centre-ville.

Dans ces confusions volontaires naguère portées par la droite sarkozyste et qui provoquèrent un pénible recul de la fraternité dans notre pays, tout y est : le refus des » bons sentiments » (Emmanuel Macron compte-t-il bientôt parler du « politiquement correct » ?), la vision criminogène de l’immigration (dont la partie illégale est sans cesse mise en avant), la validation des peurs et non la pédagogie et le rappel des valeurs, la référence à des classes populaires manifestement expurgées de leur composante immigrée pourtant bien plus massive que dans les classes bourgeoises…

Si Emmanuel Macron ne veut pas que son parti soit vu comme un parti bourgeois, peut-être devrait-il s’intéresser à la mise en place d’une politique sociale qui ne dégrade pas la situation des classes populaires, au lieu de faire des immigrés la variable d’ajustement des colères sociales.

Dominique SOPO, président de SOS Racisme, « appelle le chef de l’Etat à se ressaisir et à cesser d’emprunter la voie du cynisme en matière de rapport aux enjeux de l’immigration, qui devraient, par exemple, peut-être l’inciter à s’atteler aux problèmes de ghettoïsation et de discriminations qui touchent les immigrés et leurs enfants de façon massive, ainsi qu’à construire un discours de l’inclusion et non un discours de l’exclusion « à visage humain ». »