Annonces d’Emmanuel Macron à destination des quartiers en difficulté : une ambition à saluer, des engagements à préciser

Les annonces de ce jour d’Emmanuel Macron à destination des quartiers en difficulté vont dans le bon sens.

Nous remarquons tout d’abord que le discours a, pour la première fois depuis longtemps, été un discours empreint d’optimisme. En rompant avec un engagement en faveur des quartiers en difficulté qui se justifierait par les seuls risques de radicalisation, Emmanuel Macron a rompu avec raison avec le discours anxiogène et l’approche par le danger qui transparaissait sous les précédents pouvoirs, y compris la fin du précédent quinquennat. En effet, relever le défi des problématiques auxquelles sont confrontées les populations de ces quartiers nécessite de savoir entraîner également lesdites populations, objectif inaccessible si l’approche apparaît, à tort ou à raison, comme négative ou malveillante.

Par ailleurs, une partie des mesures qui ont été annoncées répondent aux préoccupations et aux revendications formulées de longue date par SOS Racisme, qu’il s’agisse du renforcement de la lutte contre les discriminations à l’emploi, du retour d’une police de proximité ou de l’obligation pour les collèges de trouver des stages dignes de ce nom à leurs élèves de troisième, où commençait à se jouer pour certains l’expérience de la discrimination en raison de l’origine ou de l’adresse.

Cependant, si la philosophie positive et une partie des annonces sont extrêmement positives, deux remarques s’imposent :
Quid des moyens mobilisés pour assurer le plein retour des services publics dans les quartiers en difficulté ?
Quid de la problématique des contrôles au faciès qui s’inscrivent plus largement dans la problématique des relations entre la police et la population ? Si la police de proximité aidera sans doute à améliorer ces relations, une action résolue doit être menée afin de travailler sur les représentations des agents des forces de l’ordre envoyés, trop souvent sans expérience et sans formation, dans les quartiers qui leur sont le plus étrangers et sur lesquels ils projettent des stéréotypes
Quid de la formation à la lutte contre les discriminations au sein du monde l’entreprise ? La seule solution des emplois francs ne permettra pas de lutter contre le chômage dans les quartiers populaires dans la mesure où ces dernières renvoient à des représentations qu’il s’agit de déconstruire. La loi prévoit depuis quelques mois l’obligation de formation susmentionnée. Nous attendons du gouvernement qu’il accélère la mise en place de cette réforme.

Au-delà de ces premières remarques et interrogations et prenant acte de la volonté du gouvernement de lutter contre les discriminations qui touchent les populations des quartiers difficiles, SOS Racisme et le CNRS dévoileront à l’occasion d’une conférence de presse le jeudi 23 novembre prochain une étude sur les discriminations dont sont notamment victimes les jeunes des quartiers populaires. Inédite par son ampleur, la présentation de cette étude sera également l’occasion de présenter nos propositions en matière de lutte contre les discriminations qui frappent trop souvent les jeunes issus des quartiers populaires et/ou de l’immigration.