10 mai 2016 : les associations demandent au gouvernement d’ouvrir un musée de l’esclavage

Ce 10 mai 2016, journée nationale de la mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions, cela fera 15 ans que la loi Taubira reconnaissant la traite négrière et l’esclavage comme des crimes contre l’Humanité aura été définitivement votée.

Incontestablement, cette année, la journée nationale de commémoration sera placée sous le signe de la réparation.

            Il y a deux mois à peine, le Conseil de l’Europe avait déjà pris une position tout à fait historique en recommandant « aux autorités françaises de poursuivre le débat à la lumière de la déclaration du Président de la République en mai 2015 sur la question des réparations autres que pécuniaires à la suite de la traite négrière et du passé colonial de la France, en concertation avec la société civile, et de définir une politique à cet égard » (consulter).

            Dans cette perspective, plusieurs organisations comme SOS Racisme, le CRAN, la LICRA et le CRIF ont demandé au gouvernement d’ouvrir dans l’hexagone un musée de l’esclavage. De fait, il y a en France 12 000 musées, 12 musées du sabot, mais 0 musée de l’esclavage et de la colonisation. Il y a certes quelques salles dans les musées de Nantes et de Bordeaux, et il y a aussi le Memorial Acte en Guadeloupe, mais la plupart des Français ne pourront s’y rendre. Un musée de l’esclavage à Paris serait donc une forme de réparation républicaine tout à fait utile et fédératrice. Depuis plusieurs mois, ces organisations ont interpellé le Président de la République et le Premier Ministre en ce sens, et elles attendent la réponse ou la non-réponse qui sera livrée le 10 mai.

            Par ailleurs, toujours à l’occasion du 10 mai, 120 associations ont élaboré une politique de réparation, avec des propositions concrètes*, comme le proposait le Conseil de l’Europe. Le nombre important des signataires de cet appel est le signe manifeste que cette problématique constitue désormais une revendication de plus en plus large dans la société française, et pas seulement dans l’Outre-mer, où 63 % des citoyens sont favorables aux réparations, comme l’avait révélé en 2013 un sondage le CRAN-Ifop.

            Ce 10 mai 2016, le Chef de l’Etat a l’occasion de faire preuve de la hauteur de vue qui fait souvent défaut aux responsables politiques français lorsque le passé douloureux est évoqué. Il lui appartient, à travers l’annonce de l’ouverture d’un musée de l’esclavage dans l’Hexagone, de faire utile. Car un tel lieu serait un lieu de réparation, de renforcement de la cohésion nationale, de lutte contre les préjugés diffusés par le système esclavagiste et de prévention de la répétition des crimes contre l’Humanité.

Contact presse
SOS Racisme:
communication@sos-racisme.org // 06. 78. 04. 74. 90
CRAN : tin@le-cran.fr // 06. 19. 45. 45. 52

*Programme d’action pour les réparations

1) Créer dans l’Hôtel Gaillard de la Banque de France le Centre Dumas regroupant le musée de l’esclavage et le Centre des cultures d’Afrique. Créer une fondation nationale pour la réparation liée à l’esclavage et imposer aux bénéficiaires de la traite négrière une contribution annuelle à ce fonds, sur la base d’un forfait de 1 % du chiffre d’affaires annuel.

2) Faire du 10 mai dans l’Hexagone un jour férié et chômé pour commémorer l’esclavage et l’abolition, comme il y en a déjà dans les départements d’Outre-Mer.

3) Faire évoluer les programmes scolaires et les recherches universitaires de manière à mieux prendre en considération les réalités coloniales et postcoloniales.

4) Lutter contre l’apartheid scolaire (carte scolaire, redéploiement des moyens, etc.), lancer un véritable plan Marshall pour les Français issus de l’esclavage et de la colonisation, dans l’Outre-Mer comme dans l’Hexagone, afin qu’ils bénéficient de l’égalité réelle (en matière d’emploi, de logement, d’accès au foncier, etc.), notamment pour les plus jeunes.

5) Lutter contre les préjugés issus de l’imaginaire colonial, et se mobiliser contre le contrôle au faciès et les violences policières en mettant en place un récépissé, en créant une instance de contrôle de l’action policière, ouverte à la société civile, et en installant des caméras sur la tenue vestimentaire des forces de l’ordre.

6) Reconnaître le travail forcé dans les anciennes colonies françaises comme un crime contre l’humanité, restituer les trésors pillés pendant la Colonisation et mettre en place une politique d’aide au développement qui soit d’abord au bénéfice des populations des pays en question.

7) Annuler la dette des anciennes colonies, soutenir les efforts des pays africains désireux de mettre fin au système du franc CFA et rembourser à Haïti le tribut qui lui a été imposé.

                

* Signataires : 4ACG, Acca, Act-dtour, Afac, Afapredesa, Afaspa, Afrique Arc-en-Ciel, Akwaba, Agmacié, Alliance de la diaspora noire d’Europe, Alliance des Sahéliens, Alliance Noire Citoyenne, Alpha de Sol, Amicale des Béninois du Poitou-Charentes, Amicale des Burkinabé du Poitou-Charentes, Amitié Judéo-noire, Amivogt Europe, An Nou Allé, A Nout Sauce, APCV, Armepes-France, Association culturelle des Togolais de Poitiers, Association des anciens tirailleurs africains, Association des Gabonais de Poitiers, l’Association des amis du Général Dumas, Association des étudiants congolais de Poitiers, Association des étudiants mauritaniens de Poitiers, Association des marchands africains, Association des Sénégalais de Poitiers, Association des stagiaires et étudiants camerounais de Poitiers, Association des stagiaires et étudiants du Poitou-Charentes, Au nom de la mémoire, Azec, Black is really beautiful, la Brigade Anti-Négrophobie, Camp du Gol, le Centre des Cultures d’Afrique, le Cercle d’Action Panafricaine, le Cercle James Baldwin, le Cercle Philosophique de la Réunion, la CGT Dom, Chul Ixim, le Cifordom, le Club Afrique en perspectives, le Club des artisans de Paris 18, le Club Efficience Junior, Collectif Faty Kumba, Corelso, Coup de pouce Avenir, Effort, le Club Ivoire de la Vienne, Coallia, le Coffad, Collectif des Associations Afro-caribéennes, le Collectif des Jeunes de Bouéni Bambao France, le Collectif des Jeunes de Ouellah Mitsamihouli en France, Collectif national Nous ne marcherons plus !, le Comité d’Organisation du 10 mai, le Conseil Représentatif des Français d’origine comorienne, CRAC, le CRAN, le CRFC, CSPB, DEDDIP, Debout l’Afrique, La Diaspora gambienne en France, Elikia, Ecclethique, Etudiants Guinéens du Poitou, Euréka les Douets, la Fadom, Fasti Cdiscom, Fédération des Exilés en Europe, la Fédération Nationale des Associations Franco-Africaines, la Fetafe, la France Outre-mer, les Indivisibles, Line Paradi, Maison internationale des transporteurs africains, Maison principale des Antilles-Guyane, Marseille Egalité, le MDD, le MIR, Moov’in, Mouv’ Man Letang City, Mouvman Lantant Koudmin, le Mouvement des Sarrasins, Mouvement pour un Nouveau Pacte républicain, Mouvement pour une Nouvelle Humanité, le Mouvement pluricitoyen, Nasyon Kaf, Natty Dread, Nofi, Noutbyin Noutmemwar, Nouvelle Génération des étudiants mahorais à Poitiers, Les Oranges, Orchidée, l’Or des Îles, Organisation des communautés africaines et arabo-africaines en Europe, El Otro Correo, Partage, Pilow, Rasine Kaf, Regroupement des femmes africaines, République et Diversité, Réseau africain des promoteurs et entrepreneurs culturels, Réseau Indonésie, Le Secours de l’Eternel, Sirat Mali, Solarkour, Solidarité Africaine de France, Solidarité Gor, Sortir du colonialisme, SOS Racisme, Le Souffle, Sud, Survie, Tremplin, Umoja Kongo, UNSP, UPKN, USTKE, le Village d’Eva, Zonzon 93.