Ces jeunes engagés dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme qui ont changé l’Histoire !

Savez-vous qu’en France entre 2018 et 2019, les faits à caractère antisémite ont augmenté de 27% et ceux à caractère raciste et xénophobe ont augmenté de 43% ?

Le racisme est une idéologie qui consiste à penser l’humanité comme divisée en plusieurs races, entrainant une hiérarchie entre elles et créant ainsi des rapports de force et de domination.

Quant à l’antisémitisme, cela désigne un sentiment systématique d’aversion envers les Juifs en tant que peuple ou « race », supposée inférieure. L’antisémitisme peut prendre la forme d’une opinion ou d’une attitude hostile, de discrimination (ghetto, expulsion), de racisme, de persécution.

Parce que ces idéologies entraînent haine et violence dans la société, elles ne permettent pas d’en faire un espace de justice, d’égalité et de bien-être. Elles ont donc de tout temps été combattues par des jeunes qui souhaitent construire une société à leur image !

Depuis 1987, SOS Racisme porte la Semaine d’Education et d’Actions contre le racisme et l’antisémitisme. Convaincus que les jeunes sont porteurs de grandes transformations sociales, les militants de l’association les sensibilisent et les accompagnent dans la construction de projets de lutte contre toute forme de discriminations.

La Semaine d’Education et d’Actions contre le racisme et l’antisémitisme, Kesako ?

Le 21 mars est instituée en 1966 Journée internationale contre le racisme par l’ONU, en souvenir du massacre de Sharpeville qui eut lieu le 21 mars 1960 en Afrique du Sud.

Lancée en 1987 sous l’impulsion de SOS Racisme autour de la date du 21 mars, la Semaine d’Education et d’Actions contre le racisme et l’antisémitisme est organisée en partenariat avec le Ministère de l’Education Nationale et la Délégation Interministérielle de Lutte Contre le Racisme et l’Antisémitisme et les Haines anti LGBT.

L’objectif de cette semaine est de promouvoir les valeurs et les principes fondamentaux de la République en sensibilisant les élèves des écoles, collèges et lycées, à la prévention du racisme, de l’antisémitisme et de toutes les formes de discriminations, pour construire une société plus juste.

Pour ce faire, de nombreuses actions éducatives sont menées par les milieux associatifs et militants, les équipes pédagogiques scolaires et périscolaires, ainsi que par les jeunes eux-mêmes afin que tous et toutes respectent l’égale dignité des êtres humains, quelles que soient leurs origines, leurs conditions, leurs convictions.

Retrouvez nos actions éducatives en vidéo ICI

Ils nous montrent l’exemple

Parce que la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ne doit jamais s’arrêter, mais que l’on ne sait pas toujours pourquoi et comment lutter, voici quelques portraits et événements inspirants.

Anne Frank, engagée contre la haine malgré elle

L’Allemagne nazie dirigée par Adolf Hitler entre 1933 et 1945 a mis en place sur son territoire une politique de persécution puis d’élimination des populations juives, qui s’est étendue en Europe. De nombreuses personnes ont alors décidé de fuir le régime nazi pour s’installer dans les pays voisins. C’est le cas d’Anne Frank et de sa famille, qui se sont réfugiés aux Pays-Bas.

Cette jeune adolescente allemande avait 13 ans en 1942, lorsqu’avec sa famille ils se cachent dans un appartement secret d’Amsterdam. Pendant plus de deux ans, elle écrit un journal qui révèle l’intimité, le quotidien de résistance vécudurant cette période par elle et ses proches. Ce recueil initialement personnel, s’est enrichit avec le temps : Anne Frank souhaite devenir écrivaine dans l’espoir que son ouvrage soit publié afin de dénoncer l’oppression antisémite vécue.

Arrêtée puis déportée en septembre 1944 vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, elle ne survivra pas. En revanche, son œuvre publiée par son père à la suite de sa libération deviendra un témoignage authentique de cette histoire. Pièce à conviction d’une mémoire à entretenir au fil des générations, elle érige l’adolescente comme une des figures emblématiques de la Shoah.

Je crois encore à la bonté innée des hommes. […] Jeressens la souffrance de millions de personnes et pourtant, quand je regarde le ciel, je pense que tout finira par s’arranger, que cette brutalité aura une fin, que le calme et la paix reviendront régner sur le monde.« Anne Frank, Le journal d’Anne Frank

A lire et à voir !
Romans

Un sac de billes, de Joseph Joffo

Elle s’appelait Sarah, de Julia Jarmond

Films

La vie est belle, de Roberto Benigni

La liste de Schindler, de Steven Spielberg

 

Hector Pieterson, martyr de l’Apartheid

Entre 1948 et 1991, l’Afrique du Sud instaure, à l’initiative des Afrikaners, les Sud-africains blancs, une politique de ségrégation de la population, basée sur des critères raciaux : c’est l’Apartheid. Contre ce régime discriminatoire durant lequel les populations noires sont opprimées, de nombreuses contestations ont lieu.

Hector Pieterson est l’une des figures de ces révoltes lors des émeutes de Soweto en 1976. Elles débutent par la grève des enfants d’une école de la ville, protestants contre l’instauration de l’afrikaans comme langue d’enseignement officielle dans les écoles noires. Pendant près d’un mois et demi, ce mouvement s’étend à l’ensemble de la ville, rassemblant près de 20 000 écoliers et étudiants noirs lors d’une marche organisée le 16 juin 1976. Les forces de l’ordre cherchant à disperser la foule en vain, décident alors de tirer à balles réelles sur les manifestants. Plus de 600 jeunes en sont mort. Hector Pieterson, 12 ans, est le premier à tomber sous les balles de la police.

La mort d’Hector Pieterson. Photographe – Sam Nzima

Avec le cliché de la scène fait par Sam Nzima, montrant le jeune adolescent mort dans les bras de son ami, aux côtés de sa sœur en uniforme d’écolière, Hector Pieterson devient devant le monde entier l’icône de cet évènement historique, symbolisant la violence de la répression organisée à l’encontre des populations noires en Afrique du Sud durant l’Apartheid. Ces mobilisations initiées par la jeunesse pour faire valoir l’égalité, entrainent néanmoins en juillet 1976 le retrait du décret instaurant l’afrikaans comme langue d’enseignement dans les écoles noires.

Aujourd’hui, en commémoration de cette tragédie, la journée du 16 juin est devenue un jour férié dans le pays afin de célébrer la Journée de la jeunesse.

A lire et à voir !
Romans

Une saison blanche et sèche, André Brink

Lettres de prison, Nelson Mandela

Films

Invictus, Clint Easwood

Mandela : un long chemin vers la liberté, Justin Chadwick

 

Des jeunes étudiants contre la ségrégation aux Etats-Unis

Dans le contexte la ségrégation raciale aux Etats-Unis, les populations noires sont exclues de nombreuses arènes comme la vie politique ou encore l’éducation. Cette séparation en fonction de la couleur de peau, organisée alors par des lois, a mené à un nombre incalculable de discriminations et de violences. Ainsi, le mouvement des droits civiquesfait référence aux individus qui se sont engagés pour lutter contre ce système raciste et inégalitaire. De nombreux jeunes investissent ce combat.

Parmi eux, les étudiants de Nashville : entre le 13 Février et le 10 Mai 1960, le mouvement des étudiants de Nashville organise des sit-ins, une campagne d’actions non-violentes pour mettre fin à la ségrégation raciale aux comptoirs des restaurants du centre-ville de Nashville. La campagne des sit-ins de Nashville a été marquante par son succès immédiat et l’importance de la non-violence dont ont fait preuve les étudiants. Ils étaient en effet souvent victime d’agressions de la part des passants et malgré leur refus de répondre à ces attaques, plus de 150  étudiants sont arrêtés pour avoir refusé de céder leurs places aux comptoirs des restaurants alors que la police leur avait ordonné de la faire. Le 19 avril 1960, près de 4000 personnes marchentjusqu’à la mairie de Nashville pour parler avec le maire Ben West des violences faites aux afro-américains. Un accord est trouvé entre les propriétaires des restaurants et les manifestants : le 10 mai, les premières personnes noires sont servies aux comptoirs des restaurants.

 

La lutte ne s’arrête pas là : en mars 1968, les étudiants noirs de l’Université Howard à Washington occupent ces locaux pendant quatre jours afin de manifester pour l’égalité. Un mois plus tard et suite à l’assassinat de Martin Luther King, ce sont les étudiants de l’Université Columbiaqui se révoltent contre les conditions de vie des étudiants noirs, en occupant leur université. De nombreux étudiants dans douze universités du pays suivent alors ce schéma pour protester contre le racisme. A travers ces actions, ces jeunes étudiants expriment leur désaccord face au système ségrégationniste du pays et dénoncent l’exclusion des populations noires. Les images de ces occupations circulent et l’indignation face à cette politique est mondiale.

 

 

 

 

Avril 1968, à New York, Etats-Unis. Occupation de l’Université de Columbia par de nombreux étudiants.

A lire et à voir !
Romans

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, de Fred Frodham

Joe Steanay, de Georges Cocks

Les frères de Soledad, de George Jackson

Films

La Couleur des sentiments, de Tate Taylor

Green Book : Sur les routes du sud, de Peter Farrelly

Selma, de Ava DuVernay

 

Djamel Atallah et la Marche pour l’égalité

En 1983, Djamal Atallah l’un des initiateurs et des leaders de la Marche pour l’Egalité et contre le racisme n’a que 20 ans lorsqu’il part de chez lui sans rien dire à ses parents et qu’il prend la décision de parcourir la France.

Issu du quartier des Minguettes dans la banlieue de Lyon, il est alors le trésorier de l’association « SOS Avenir Minguettes » dont son ami Toumi Djaïdja est le président. Durant l’été 1983, de rudes affrontements opposent policiers et jeunes dans le quartier des Minguettes. Pendant les affrontements, Toumi Djaïdja est grièvement blessé par un policier.

Le père Christian Delorme et le pasteur Jean Costil, tous deux bénévoles de l’association la Cimade, proposent alors aux jeunes des Minguettes une longue marche s’inspirant des méthodes d’action de Martin Luther King.

La marche débute le 15 Octobre 1983 à Marseille dans le quartier de la Cayolle où un jeune de 13 ans vient d’être victime d’un crime raciste. Dix-sept personnes composent le cortège au départ parmi lesquelles les deux principaux initiateurs Djamel Attalah et Toumi Djaïdja.

La marche s’achève le 3 Décembre 1983 à Paris réunissant plus de 100 000 personnes. Une délégation y rencontre le président de la République François Mitterrand qui promet alors une carte de séjour et de travail de dix ans, une loi contre les crimes racistes et un projet sur le vote des étrangers aux élections locales.

« Je me suis construit à travers la marche… Je suis devenu militant grâce à la marche. », Djamel Atallah, extrait d’un entretien avec France info, 15 octobre 2013

A lire !

1983 La marche inside : Pour l’égalité des droits et contre le racisme (Français) Broché – 1 mai 2014, Farid L’Haoua

 

La lutte continue aujourd’hui !

Les discriminations, le racisme, l’antisémitisme ont été combattus avec succès, mais non pas éliminés des modes de compréhension et d’organisation du monde de certains régimes politiques, groupes ou individus. C’est pourquoi la lutte continue aujourd’hui encore !

2019 – Metz : Non au racisme dans ma fac !

En 2019, une dizaine d’étudiants du département de sociologie de l’Université de Lorraine profère des messages haineux et fait circuler des vidéos à caractère raciste à l’encontre d’autres étudiants noirs.

Victimes de discriminations, ils portent plainte et organisent une marche contre le racisme. Cette manifestation, initiée par des étudiants, a réuni plus de 600 personnes qui ont défilé pacifiquement dans les rues de Metz pour lutter contre ces actes et propos intolérables, et finalement contre toute forme de racisme.

SOS Racisme est aux cotés de ces jeunes pour les soutenir et scander avec eux : « Non au racisme dans ma fac ! Oui au multiculturalisme ! ».

Amadou Diallo, le consul général du Sénégal s’exprime alors sur la situation : « Quand je vois la diversité des personnes ici présentes, je me dis que les idées émises ici et là, ne représentent pas la majorité. Je déteste les généralisations. La France n’est pas raciste. Le racisme existe, mais je ne veux pas en donner plus d’importance à cela, par rapport à vous qui êtes ici aujourd’hui. C’est cette France que j’aime et qui va marcher avec nous. ».

 

 

Sacha Halgand, militant à la FIDL, le syndicat lycéen

Tout comme Sacha, 16 ans et élève en 1èreau lycée Saint Exupéry de Mantes la Jolie, de nombreux jeunes choisissent de s’engager au sein d’un syndicat lycéenafin de lutter contre les dynamiques de haine et porter les valeurs d’égalité dans la société. Pour lui, les jeunes doivent être en première ligne du combatface aux discours stipulant que « les noirs et les arabes ne seraient pas des vrais Français et que la France serait un pays ou les différentes cultures ne peuvent pas se mélanger. »

En 2019, il a alors décidé, accompagné par le syndicat lycéen la FIDL et l’association SOS Racisme d’organiser dans son établissement une conférencedans le cadre de la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, afin d’ouvrir le débat avec une cinquantaine de camarades autour de la pluralité et de la complexité des identités.Il nous a confié que “mettre en place des espaces de dialogue comme celui-ci était un besoin primordial pour la jeunesse afin d’aborder ces thématiques dans des cadres sereins et apaisés. “

C’est ce genre d’initiative qu’il a également entrepris de développer au sein du syndicat lycéen avec d’autres jeunes, pour discuter des problèmes de société plus larges et d’y trouver des éléments de réponses ainsi que des solutions. Par l’impulsion de cette dynamique collective, Sacha en espère “une prise de conscience commune dans la société et particulièrement au cœur de la jeunesse, afin que demain, ne se reproduisent pas les dynamiques de haine d’hier. “

 Le projet de Sacha dans son lycée en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=nYDFaqI_oVU

Le militantisme n’est pas l’apanage d’un groupe spécifique. Il est à la portée de tous et de toutes ; des jeunes plus encore qui ont le devoir de choisir la société dans laquelle ils et elles veulent pouvoir s’épanouir individuellement et collectivement.

Comme l’ont montré ces figures de l’engagement, les faits à caractère raciste, xénophobe, antisémite doivent nous soulever, nous pousser à l’action.

Manifester, prendre la parole, monter des projets de sensibilisation, il existe autant de moyens de s’engager que d’individus. Le combat pour l’égalité, la justice, la dignité ne s’arrête pas.

 

Aujourd’hui encore, dans un contexte inédit de crise sanitaire planétaire, le monde semble nous prouver que nous avons plus que jamais besoin de cohésion. Parce que si nous ne soignons pas notre voisin, nous ne pouvons pas endiguer la pandémie, celle-ci et ses conséquences à court et moyen termes invitent à penser de nouvelles solidarités, de nouveaux modèles de participation, d’implication. Le confinement que nous vivons actuellement nous permet d’innover, de proposer de nouvelles formes de sociabilisation mais aussi de nouvelles formes d’engagement !

 

Alors aujourd’hui, demain, si vous aussi vous souhaitez participer à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, contactez-nous :

Sylia TALBI

Responsable du Pôle Education Populaire

01.40.35.36.55

educpop@sos-racisme.org