6 décembre 1986 : Malik Oussékine mourait sous les coups de policiers à Paris

A l’automne 1986, le gouvernement de jacques Chirac tente de faire passer une loi établissant une sélection à l’entrée de l’Université. Suite à cela, pendant plusieurs semaines des universités sont en grève contre ce « projet de loi Devaquet », du nom du ministre de l’Enseignement supérieur.

Les lycéens et les étudiants manifestent massivement mais le gouvernement reste inflexible. Le 5 décembre 1986, un nouveau rassemblement est prévu dans un contexte où la répression policière est forte. Des brigades motorisées de la préfecture de police circulent dans Paris : on les appelle les « voltigeurs », composés d’un pilote et d’un homme armé d’une matraque. Ils ont pour ordre de « nettoyer » les rues.

Des manifestations qui tournent au drame

Bien après la fin de la manifestation, dans la nuit, les pelotons de police continuent à poursuivre les étudiants dans le quartier latin. De graves affrontements ont lieu, faisant des dizaines de blessés dont plusieurs gravement atteints.

Après avoir évacué la Sorbonne brièvement occupée par des étudiants, les « voltigeurs » prennent en chasse des jeunes qu’ils rencontrent. À minuit, alors que Malik Oussékine, étudiant à l’Ecole Supérieure des Professions Immobilières, sort d’un club de Jazz qui se trouvait rue Monsieur le Prince, deux policiers se lancent à sa poursuite.

Celui-ci, ne comprenant pas la situation, se met à courir et tente de se cacher dans un immeuble situé au numéro 20 de cette rue. Les deux policiers se jettent alors sur ce jeune de 22 ans né de parents algériens, le frappant à coups de matraque et lui infligeant des coups de pieds dans le ventre et dans le dos alors que Malik, par ailleurs de santé fragile, criait « Je n’ai rien fait, je n’ai rien fait ». Après plusieurs minutes, les deux policiers s’éloignent et disparaissent dans les rues sombres.

Peu après, le Samu arrive et transporte le jeune homme à l’Hôpital Cochin où il décède des suites de ses blessures. À la vue de cette nouvelle dramatique, au matin du 6 décembre 1986, Alain Devaquet démissionne et Jacques Chirac retire deux jours après ce projet de loi sur les universités.

« Si j’avais un fils sous dialyse je l’empêcherais de faire le con dans la nuit »

Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur, et Robert Pandraud, ministre délégué à la sécurité, refusent de condamner l’action de la police. Robert Pandraud, ignoble, ira d’ailleurs jusqu’à déclarer : « La mort d’un jeune homme est toujours regrettable, mais je suis père de famille, et si j’avais un fils sous dialyse je l’empêcherais de faire le con dans la nuit »

Le 10 décembre 1986, une marche massive rassemble des centaines de milliers de lycéens et d’étudiants qui défilent en mémoire de Malik Oussekine.

Quant aux assassins de Malik Oussekine, la justice sera clémente avec eux : ils seront condamnés à de la prison … avec sursis !

20 ans plus tard, le 6 décembre 2006, une plaque commémorative est posée sur les lieux du drame, en présence de Sarah Oussekine, sœur de Malik, de David Assouline, un des leaders étudiants du mouvement de 1986, de Dominique Sopo, président de SOS Racisme et de Bertrand Delanoë, maire de Paris :

« À la mémoire de Malik Oussekine, étudiant âgé de 22 ans, frappé à mort lors de la manifestation du 6 décembre 1986 »

Cette plaque ne dit pas qui a tué Malik Oussekine.

En 2019, plusieurs personnalités ont tenté de remettre en cause les circonstances de la mort de Malik Oussekine, mettant en doute la réalité des violences policières subies. La mémoire est toujours un combat !