21 février 1995 : Ibrahim Ali, 17 ans, était assassiné à Marseille par des militants du Front National

Le 21 février 1995, Ibrahima Ali Abdallah était tué par des colleurs d’affiche du Front National. A 17 ans, ce jeune Marseillais d’origine comorienne préparait un CAP de menuiserie au lycée d’enseignement professionnel de l’Estaque et se passionnait pour le rap.

Membre de B.Vice (un groupe de rap « petit frère » d’IAM qui commençait à percer sur Marseille), Ibrahim Ali devait, avec son groupe, participer à Vitrolles à un gala organisé par le Sidaction. C’est pourquoi, le mardi 21 février 1995, il s’était rendu au centre culturel Mirabeau pour répéter avec les autres membres du groupe. A la fin des répétitions, aux alentours de 23h30, l’adolescent et ses amis, les bras chargés d’instruments de musique, courent en direction du bus de nuit numéro 30, censé les ramener chez eux, dans le quartier de la Savine à Marseille. Ils sont loin d’imaginer qu’un trio infernal les attendait à un carrefour. En effet, à leur passage, ils croisent la route de trois hommes du Front National armés jusqu’aux dents : Robert Lagier, Mario D’Ambrosio et Pierre Giglio. Ces militants tirent cinq coups de feu et sèment la panique chez les jeunes qui se dispersent aussitôt. Alors que les autres parviennent à s’échapper, le jeune Ibrahim Ali, touché dans le dos, s’écroule et meurt sur le trottoir.

Meurtre raciste dans la cité phocéenne

Le lendemain, la ville de Marseille est gagnée par l’émotion. Dans la rue, la communauté comorienne, aux côtés de personnes de toutes origines, marche et réclame justice. SOS Racisme, partie civile dans cette affaire, était présente avec près de 15 000 personnes pour défiler et rendre hommage à Ibrahim Ali, victime d’un crime raciste.

Lors du procès, en 1998, le Front National – l’actuel Rassemblement National – soutient les accusés et plaide la légitime défense. Finalement, les meurtriers d’Ibrahim Ali seront respectivement condamnés à deux, dix et quinze ans de prison.

 

Une pensée pour Ibrahima Ali chaque 21 février

Aujourd’hui, sa mémoire n’est pas tombée dans l’oubli et la mort d’Ibrahim Ali est toujours commémorée à Marseille. Chaque année, un rassemblement citoyen se tient le 21 février dans la ville. Désormais, les proches d’Ibrahim Ali demandent qu’une rue ou une école porte son nom. 25 ans après, il n’est que temps.