Sauvons Afrin

 

 

Depuis le 20 janvier 2018, les populations civiles du canton d’Afrin en Syrie sont la cible d’une offensive terrestre et de bombardements quotidiens de l’armée turque.

 

Sur la scène internationale, Erdogan justifie son avancée par la nécessité de protéger sa frontière contre de prétendus groupes terroristes qui mettraient en danger la Turquie. Mais, en dépit de la propagande d’Erdogan et du maelström géopolitique dans lequel la région se débat, nous savons que la réalité est tout autre. Il s’agit d’une opération de nettoyage ethnique à l’encontre des Kurdes d’Afrin et, plus globalement, de tout le Nord de la Syrie qu’Erdogan menace d’englober dans son offensive à partir des mêmes motifs fallacieux.

 

Depuis le début des attaques terrestres et aériennes, des villages ont été attaqués et détruits, poussant des milliers de civils à se réfugier dans la ville d’Afrin. Tous n’ont pas eu cette « chance » : en effet, près de 400 civils ont d’ores et déjà été tués et des centaines d’autres blessés. Comme d’habitude, les femmes et les enfants paient un lourd tribut.

 

L’arrivée de l’armée turque aux abords de la ville d’Afrin et de ses près de 400.000 habitants et réfugiés laisse craindre une explosion du nombre de victimes civiles.

 

Depuis plusieurs jours, l’armée turque vise les infrastructures pour forcer les habitants à fuir leur ville ou leur refuge. Les réseaux électriques, les installations de distribution de l’eau et les lignes téléphoniques sont pris pour objectifs. Les boulangeries sont visées. Les hôpitaux ont été détruits, à l’exception d’un seul.

 

Bref, voilà une population désormais encerclée dans une ville progressivement privée d’eau, d’électricité, de communication, de pain et de soins. Une ville sur laquelle, en sus de ces privations, s’abattra dans les heures qui viennent la puissance de feu de plus en plus intense des raids aériens de l’armée turque.

 

Nul ne peut donc ignorer que nous sommes, à Afrin, à la veille d’une catastrophe humanitaire de grande ampleur.

 

Face à cette situation, seule une fermeté en actes de la communauté internationale permettra d’éviter le pire. Il ne serait ni digne, ni efficace de dénoncer par les seuls mots la tragédie qui se prépare sous nos yeux.

 

A cet égard, l’adoption d’une résolution par le Conseil de Sécurité de l’ONU pour l’arrêt des opérations militaires en Syrie est une illustration de la limite des protestations purement verbales : suite à son adoption, la Turquie a intensifié ses opérations militaires contre les Kurdes d’Afrin et est fortement suspectée d’employer des armes chimiques.

 

La France a un rôle particulier à jouer. En tant que membre du Conseil de sécurité de l’ONU, en tant que membre de l’OTAN et en tant qu’acteur important de cette région en crise, notre pays doit faire entendre sa voix.

 

Notre diplomatie le doit d’autant plus que les Kurdes aujourd’hui visés ont été les alliés de notre pays dans la guerre contre les terroristes de Daech, un groupe que le président Erdogan soutenait de facto et dont il continue vraisemblablement à utiliser les réseaux pour recruter des supplétifs dans sa guerre contre les Kurdes d’Afrin.

 

Nous demandons donc que la France mette tout en œuvre afin, pour parer à l’urgence du moment, qu’une zone d’exclusion aérienne puisse être instaurée au-dessus du nord de la Syrie et plus particulièrement au-dessus du canton d’Afrin.

 

 

Premiers signataires :

Dominique SOPO, président de SOS Racisme

Audrey PULVAR, présidente de la Fondation pour la Nature et l’Homme

Josiane BALASKO, comédienne

Yannick NOAH, artiste

Mario STASI, président de la LICRA

Malik SALEMKOUR, président de la LDH

Renée LE MIGNOT, co-présidente du MRAP

Sacha GHOZLAN, président de l’UEJF

Louis-Georges TIN, président du CRAN

Patrick PELLOUX, urgentiste

Romain GOUPIL, cinéaste

Achille MBEMBE, professeur à l’Université de Witwatersrand (Afrique du Sud)

Yvan ATTAL, cinéaste

Michel BOUJENAH, humoriste et comédien

Dominique TRICAUD, avocat au barreau de Paris

Jacky MAMOU, président du collectif Urgence Darfour

Benjamin ABTAN, président de l’EGAM – Mouvement antiraciste européen