Rapport sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et la xénophobie
Le racisme (et les discriminations qui y sont liées) constitue un des sujets les plus débattus par les médias et la société. Il n’est ainsi pas étonnant qu’il donne souvent lieu à des annonces de chiffres largement médiatisées. Ces derniers sont cependant rarement mis en perspective avec la question de la fiabilité de leur source, de la méthode de leur collecte et de leur représentativité réelle. Dans son rapport, la CNCDH présente de façon détaillée les apports et les limites de ces instruments de mesure, qu’il convient de prendre en compte dans l’analyse.
L’évolution des actes à caractère raciste et celle des opinions racistes obéissent à des logiques distinctes. Fort heureusement, un préjugé ne se matérialise pas systématiquement par un passage à l’acte. Et des passages à l’acte, qui sont le fait d’une minorité d’individus, on ne saurait inférer l’évolution de l’opinion publique française dans son ensemble. Pour autant, cette disjonction entre acte et opinion trouve sa limite en ce que l’infraction au mobile raciste se nourrit nécessairement du préjugé raciste.
Pas de recul de l’indice de tolérance
Après quatre années de baisse consécutive, stoppée en 2014, l’indice longitudinal de tolérance en France, allant de 0 à 100, marque une nette progression vers plus de tolérance (+ 10 points depuis 2013), valant pour l’ensemble des groupes, qui semblent mieux acceptés.
Le ralentissement de la progression de l’indice constaté en 2016 pose cependant question : la France aurait-elle atteint un plateau de tolérance ? Désormais, ceux qui persistent dans leur rejet des immigrés pourraient avoir des opinions structurées, cristallisées. Ils seraient alors moins sensibles au contexte, de la même manière que la relative stabilité de l’indice en 2013 et 2014 pouvait s’expliquer par la stabilité du noyau « ouvert » de la société française. Ce n’est là qu’un des scénarios possibles.
Il ne faut cependant pas oublier que la prédisposition à la tolérance est liée à de multiples autres facteurs : le niveau d’ethnocentrisme (vision autoritaire et hiérarchique de la société), la sensibilité politique déclarée par la personne interrogée, la façon dont est vécue la crise économique ou encore les expériences de socialisation liées à des pratiques transnationales (comme des périodes d’études et de travail à l’étranger).
Les tendances observées par le ministère de l’Intérieur relatives aux actes antisémites, antimusul- mans et autres Le compte-rendu ci-dessous vise à dégager des tendances à partir d’un recueil d’actes qualifiés comme pertinents mais ne prétendant pas à l’exhaustivité.
Les chiffres du Service central du renseignement territorial (SCRT) au ministère de l’Intérieur sur les « actions » et « menaces » à caractère antisémite, antimusulman et autre marquent, une fois agrégés, une baisse significative de 44,69 % pour l’année 2016 (1 125 actes en 2016, contre 2 034 en 2015).
Sur le long terme, la courbe de tendance des actes à caractère raciste reste toutefois particulièrement inquiétante. Plusieurs points d’inquiétude subsistent, dont, en particulier, la progression dans l’échelle de la violence. C’est ce que tend à montrer la part de plus en plus élevée des agressions et violences dirigées contre les personnes dans les actes recueillis par le SCRT, tout comme les inquiétudes exprimées par le CFCM et le SPCJ sur l’intensité de la violence antisémite et antimusulmane.
Dans le détail, on constate que :
– les actes antisémites baissent depuis 2014, avec un net recul de 58,5 % en 2016 par rapport à l’année 2015, pour un total de 335 actes (contre 808 en 2015) – les actes antimusulmans enregistrent une baisse de 57,6 % en 2016 (182 actes) par rapport à 2015 (429 actes), évolution qui doit être mise en perspective avec le niveau particulièrement élevé d’actes recensés en 2015
– les autres faits, c’est-à-dire ni antisémites ni antimusulmans, regroupés dans la catégorie générique d’« actes racistes », enregistrent une baisse de 23,7 %, pour atteindre un total de 608 en 2016 (contre 797 en 2015).
Pour consulter l’intégralité du rapport : www.cncdh.fr