Médiapart a révélé avoir eu accès à des notes émises par des hauts gradés de la gendarmerie nationale et des CRS au Ministère de l’Intérieur faisant état d’ordres illégaux et dangereux donnés par le Préfet de police de Paris, Didier Lallement.
La tactique du saute-dessus, les nasses ainsi que l’emploi disproportionné de la force lors de manifestations sont notamment mis en cause par ces notes. Cette stratégie donne lieu à des frustrations grandissantes, tant parmi les agents chargés du maintien de l’ordre que des manifestants et, loin de satisfaire les exigences démocratiques, ne fait qu’augmenter le risque de débordements et de violences lors de toute manifestation.
Le retour des voltigeurs à moto (BRAV-M) lors des manifestations sont, à ce titre, symboliques. Nous nous souvenons des propos récents d’un député de la majorité : « Il faut oublier l’affaire Malik Oussekine », pour justifier la stratégie et les risques que comportent cette doctrine. Bien au contraire, pour SOS Racisme, il faut se souvenir de Malik Oussekine. Ce jeune étudiant tué par des voltigeurs.
Les brigades aujourd’hui déployées, similairement pensées pour « impacter » les corps et les esprits, ont pour consigne d’aller au contact dans une logique de démonstration de force ; nous rappelant la stratégie policière à l’œuvre dans les quartiers populaires depuis un certain nombre d’années. Elles nous rappellent également, comme en témoignent de nombreuses vidéos, que certains agents ainsi livrés à eux-mêmes deviennent adeptes de la « sanction sur place ». Force est de constater que nous ne sommes de toute évidence pas à l’abri d’un nouveau drame, d’un nouveau Malik Oussekine.
Il y a quelques semaines, le Président de la République a demandé à son Ministre de l’Intérieur des propositions concrètes pour garantir la déontologie des forces de l’ordre face aux nombreuses preuves de violences policières. Où sont-elles ?
Les dérives policières – qu’elles concernent des faits de violence ou de racisme – mettent à mal les valeurs républicaines qui devraient être défendues en premier lieu par les forces de l’ordre. SOS Racisme demande, une nouvelle fois, au Ministère de l’Intérieur de prendre ses responsabilités et d’être à l’écoute des organisations qui formulent des propositions concrètes. Il est urgent de modifier en profondeur l’actuelle doctrine de la sécurité publique.