Tribune de militaires dans « Valeurs Actuelles » : SOS Racisme saisit le Parquet et alerte la ministre de la Défense Florence Parly
Mercredi 21 avril 2021, soit 60 ans jour pour jour après le putsch des généraux à Alger, paraissait dans l’hebdomadaire d’extrême-droite Valeurs Actuelles une « lettre empreinte de conviction et d’engagement de ces hommes attachés à leur pays » (sic) intitulée « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants ».
A l’initiative de Jean-Pierre Fabre-Bernadac et signée par « une vingtaine de généraux, une centaine de hauts-gradés et plus d’un millier d’autres militaires », la lettre entend interpeller le président de la République, les membres du gouvernement et les parlementaires quant au « délitement qui frappe notre Patrie » et dont les causes seraient à chercher du côté d’ « un certain antiracisme », de « l’islamisme » et des « hordes de banlieue ».
Ces généraux signataires évoluent dans des milieux plongés dans la théorie du « grand remplacement » et autres idéologies complotistes fidèles à l’extrême droite. Certains d’eux ont, par ailleurs, déjà participé à des élections locales sous l’étiquette du « Rassemblement national » ou apparentés.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires d’anonymes ou de militants d’ultra-droite, se disant prêts à participer au « nettoyage » de la « racaille », des « traitres » et des « gauchistes collabos » se multiplient comme une conséquence logique et souhaitée à cette tribune.
SOS Racisme s’alarme de la multiplication et de la banalisation, dans le débat public, d’un racisme de moins en moins camouflé et de remises en cause de la démocratie.
La réaction de Madame Florence Parly, ministre des Armées, est bienvenue sur le fond mais tardive et n’inclut pas, à notre connaissance, la saisine de la justice. Faisant suite aux récentes révélations de cas, pas tant isolés, de militaires néonazis dans l’armée française, SOS Racisme attend des autorités – politique et judiciaire – la plus grande fermeté face à des dérives aussi dangereuses qu’insupportables.
En ce sens, SOS Racisme a adressé ce jour un courrier à Madame la ministre des Armées afin qu’elle signale à la justice ces faits potentiellement constitutifs de plusieurs infractions pénales et, indépendamment même du droit, appelant à une remise en cause de la forme républicaine de l’Etat.
D’ores et déjà, SOS Racisme a saisi de ces faits monsieur Rémy Heitz, Procureur de la République de Paris.
Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, « la longue et lente dérive du débat public amène désormais des généraux à la retraite à rêver d’un coup de force militaire aux relents racistes. Cette longue et lente dérive a également amené Marine Le Pen à sortir du bois en disant sa disponibilité à incarner cette rupture. Peut-être la justice pourrait y trouver matière à infraction. Et peut-être les leaders politiques pourraient-ils cesser de banaliser l’extrême-droite, par tropisme politique, par stratégie d’apprenti sorcier ou par rancœur. »