Rixe de Sisco : à quoi jouent les pouvoirs publics ?
Suite à la rixe de Sisco, SOS Racisme s’interroge sur le rôle des pouvoirs publics qui ont chacun à leur manière montré de lourdes défaillances.
Le maire du village, sur la base de récits embrouillés et volontiers fantaisistes de la rixe, prend un arrêté anti-burkini alors que là n’est pas l’objet de la rixe sur lequel toutes les zones d’ombre devront être levées.
C’est également avec consternation que nous apprenons que les partis nationalistes, majoritaires à l’Assemblée de Corse et donc responsables de l’exécutif local, ont, suite à la garde à vue de deux villageois de Sisco impliqués dans la rixe, appelé au rassemblement de soutien à ces derniers organisé ce jour.
En effet, il est peu admissible que des partis aujourd’hui en charge de l’exécutif local et donc représentants des pouvoirs publics épousent une logique de défiance vis-à-vis de l’enquête en cours ou, même, laissent penser que certaines personnes n’auraient par nature aucun compte à rendre à la justice et aux forces de l’ordre.
En outre, les pouvoirs publics, dans leur globalité, ont été plus que « tendres » suite aux démonstrations de force anti-maghrébines qui, dans une logique proche de l’auto-« justice », se sont déroulées dimanche dans le quartier Lupino de Bastia aux cris notamment de « On est chez nous ». Ces actes ne sont pas sans rappeler les manifestations à connotation raciste qu’avait eu à subir le quartier des Jardins de l’Empereur à Ajaccio en décembre dernier. En République, nul ne doit pouvoir être inquiété du fait de ses origines et ne peut évidemment être tenu pour responsable, dans une logique de globalisation mortifère, du comportement de personnes partageant la même origine.
Les pouvoirs publics avaient l’occasion et surtout le devoir de le rappeler avec force.Ce qui aurait peut-être permis que nous ne subissions pas une vision très ethnicisée de cette rixe complaisamment présentée par les pouvoirs publics eux-mêmes et par les médias comme une confrontation entre « jeunes Corses » et « jeunes d’origine maghrébine ».
Est-ce à dire que les deux dimensions seraient exclusives l’une de l’autre ?