Racisme dans la police : quand l’Etat ne répond pas
Il y a un mois jour pour jour, SOS Racisme prenait l’initiative de réunir 300 organisations et personnalités afin d’interpeller le Premier ministre. Dans cette interpellation publiée alors dans Le Parisien, il était demandé au Premier ministre d’ouvrir le chantier de la lutte contre le racisme au sein des forces de l’ordre.
Après un très long silence, la réponse de Matignon, que vous trouverez en pièce jointe, nous est parvenue hier par mail.
Manifestement, le sujet ne méritait pas une réponse du Premier ministre lui-même. Aussi honorable soit le directeur de cabinet qui signe cette réponse, c’est le Premier ministre en personne qui était interpellé. Est-il fréquent qu’un Premier ministre n’endosse pas la réponse à une interpellation signée, notamment, par de nombreux représentants de la représentation nationale et de nombreux acteurs de la société civile ?
En outre, nous ne pouvons que déplorer une « non-réponse » puisque ce courrier consiste à rappeler des dispositifs existants, parfaitement connus de tous les signataires et dont même ceux qui y participent – et qui pour certains ont signé l’interpellation – savent l’impact limité en l’absence de mesures de plus grande ampleur.
Enfin, le fait de nous renvoyer la balle en demandant un envoi de nos propositions au ministre de l’Intérieur constitue à ce stade une fin de non-recevoir tant ce dernier a, dans la séquence, été celui par la voix duquel la négation des phénomènes de racisme au sein de la police se sera exprimée.
SOS Racisme déplore une fois de plus l’absence de maturité des pouvoirs publics sur la question du racisme au sein des forces de l’ordre, à l’heure où le Défenseur des droits pointe le racisme systémique qui y existe et à l’heure où, dans la presse, des témoignages de policiers victimes de racisme au sein de leur propre corps sont diffusés.
Ces témoignages sont la suite directe de l’interpellation que nous avons signée. Ils se trouvent depuis ce matin dans l’édition du jour de Charlie Hebdo et, dans les jours qui viennent, se trouveront dans d’autres titres de presse.
La parole de ces fonctionnaires d’Etat qui subissent et constatent le fléau du racisme dans leur métier est une parole fondamentale. L’Etat niera-t-il également cette parole-là ?