Quand les services de police de Haute-Garonne associent la fête de l’Aîd à un problème de sécurité publique !

Cette semaine, la presse révélait une demande pour le moins surprenante. En effet, le 26 avril
dernier, depuis le siège de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de Haute-
Garonne, un courriel émanant de deux « correspondants police-sécurité-école » de cette direction
sollicitaient, « à la demande des services de renseignement », les directeurs d’école et les chefs
d’établissement de l’enseignement secondaire afin de « connaître le pourcentage d’absentéisme le
vendredi 21/04/2023, lors de la fête de l’Aïd ».

Sans même évoquer le court-circuitage du rectorat – tenu dans l’ignorance de cette demande
directement adressée à des personnels de l’Education nationale par de sevices de police – cette
demande est particulièrement choquante en ce qu’elle associe la pratique religieuse musulmane à
une question de sécurité ou de renseignement intérieur.

SOS Racisme dénonce cet amalgame douteux et manifestement fondé sur des préjugés
antimusulmans si puissants qu’ils aboutissent à une demande rompant avec plusieurs principes
essentiels.
Le principe de laïcité qui impose à l’Etat une neutralité ici rompue.
Le principe d’égalité puisque, fort heureusement, aucune demande de ce type n’a jamais été faite
pour d’autres groupes religieux.

Le principe de légalté tant cette demande ne peut être rattachée à une quelconque compétence de
la DDSP. Rappelons par ailleurs que l’absence des élèves lors de fêtes religieuses – dont l’Aïd-el-Fitr –
est explicitement prévue par le droit, en vertu d’une circulaire datant de … 2004 !
SOS Racisme se félicite de la réaction des personnels de l’Education nationale qui n’ont pas fait droit
à cette demande des services de police.

Au-delà, l’association s’alarme du comportement du ministère de l’Intérieur, resté silencieux face à
un dysfonctionnement manifeste de l’un de ses services.

SOS Racisme demande à ce ministère d’établir les raisons qui ont pu mener des fonctionnaires de la
DDSP de Haute-Garonne à formuler une telle demande. En effet, dans un Etat de droit, lorsque la
légalité semble enfreinte et lorsque les principes sont écornés, il est de bonne administration de s’en
préoccuper et d’analyser les mécanismes qui ont abouti à une telle situation.

Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, « s’il existe un « problème musulman » dans la tête
de quelques fonctionnaires, il est de la responsabilité des ministres dont ils dépendent de s’en
préocuuper et de mettre tout en œuvre pour que ce penchant soit combattu ou, a minima, qu’il
n’emporte aucune conséquence dans le traitement des individus par l’administration ».