L’opération Wuambushu installe le chaos à Mayotte : le gouvernement doit y mettre un terme immédiat

Alors que le gouvernement est resté sourd aux multiples voix – dont celle de SOS Racisme –
demandant l’annulation de l’opération Wuambushu, celle-ci a commencé à plonger l’île de Mayotte
dans le chaos.

En effet, l’opération quasi militaire (1800 membres des forces de l’ordre mobilisées, dont le RAID) a
d’ores et déjà entraîné ces dernières heures :

– des affrontements entre personnes vivant dans les bidonvilles visés – à Talus 2 et à Majicavo Dubaï –
et les forces de l’ordre,
– le constat aujourd’hui par le tribunal judiciaire de Mamoudzou d’irrégularités l’amenant à ordonner
la suspension de l’évacuation du bidonville Talus 2
– et, hier sur Mayotte 1 ère , un appel de Salime Mdéré – premier vice-président du conseil
départemental de Mayotte – à « tuer » des jeunes vivant dans les bidonvilles, assimilés à des
« terroristes ». Bien que cela n’ait pas semblé perturber le ministre de l’Intérieur et que le parti
Renaissance dont il est membre n’ait pas pris de sanctions à son endroit, SOS Racisme transmettra ce
jour un signalement au Parquet afin que la justice puisse se pencher sur ces déclarations indignes
d’un citoyen, et qui plus est d’un élu de la République.

A nouveau, SOS Racisme appelle le gouvernement à mettre un terme à cette opération qui ne peut
d’ailleurs atteindre aucun des objectifs qu’elle prétend poursuivre : lutte contre l’immigration
clandestine, lutte contre la délinquance et lutte contre le logement insalubre dont sont victimes des
Français et des étrangers en situation régulière vivant dans les bidonvilles visés.
En effet, le logement insalubre que le ministère de l’Intérieur prétend vouloir résorber en détruisant
une partie des bidonvilles se heurte au manque criant de logements sur l’île. Où les autorités
pensent-elles pouvoir reloger les personnes dont le logement a été détruit ?

En outre, la question de la délinquance, que Gérald Darmanin relie volontiers à l’immigration, ne
trouvera pas d’issue par ces « décasages » suivis d’expulsions massives des personnes en situation
irrégulière interpellées à cette occasion. Pour deux raisons. Tout d’abord parce que l’industrilisation
des expulsions depuis Mayotte (25.000 par an !) n’a pas empêché l’approfondissement de la
délinquance violente. En outre, les expulsions massives vont approfondir un phénomène bien

présent sur l’île : l’existence de milliers de mineurs isolés massivement déscolarisés et donc propices
à la formation de bandes.
Enfin, les expulsions massives vers l’île voisine d’Anjouan – refusées à ce stade par les Comores – ne
régleront en rien le retour rapide des personnes expulsées. En effet, la distance avec les autres îles
de l’archipel des Comores est faible et les liens entre les populations – artificiellement séparées du
fait des conditions par lesquelles la France a choisi de garder dans son giron l’île de Mayotte à l’issue
du référendum sur l’indépendance de l’achipel des Comores – sont forts. L’immigration continuera
donc, quels que soient les coups de menton de Gérald Darmanin.

La réalité de l’île de Mayotte est celle d’un territoire d’outre-mer dans lequel les investissements
dans les services à la population sont défaillants. Logements sociaux en nombre trop faible (d’où
aussi les bidonvilles), services sociaux défaillants (d’où aussi les mineurs isolés massivement
déscolarisés), infrastructures défectueuses (entrainant des coupures d’eau régulières)… Voici ce que
sont les maux que la France devrait régler à Mayotte plutôt que de surfer sur une colère de la
population qui idenifie ces problèmes massifs d’accès à une trop forte présence de personnes en
situation irrégulière.

Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, « l’opération Wuambushu n’est pas une opération
censée attenindre ses objectifs affichés.

Elle est une opération spectacle visant à renforcer la position
du ministre de l’Intérieur et un crash test visant à expérimenter dans un territoire très noir, très
pauvre et très lointain la solidité juridique de la brutalité des expulsions de personnes en situation
irrégulière. Une fois de plus, et l’appel au meurtre lancé par le vice-président Renaissance du conseil
départemental de Mayotte l’atteste, nous sommes face à des apprentis-sorciers qui installent le
chaos et légitiment les discours les plus extrémistes au plus grand profit de la famille politique qui en
a fait sa spécialité : l’extrême-droite. »