La ville de Marseille débaptise l’école qui portait le nom de Bugeaud. A quand la même décision pour l’avenue Bugeaud à Paris ?

L’école Bugeaud dans le 3ème arrondissement de Marseille s’appellera bientôt l’école Ahmed Litim. Le premier est un maréchal qui s’est comporté en bourreau lors de la conquête de l’Algérie où il pratiqua des enfumades contre des populations civiles. Le second est un tirailleur algérien, mort à 24 ans le 25 août 1944 en libérant Marseille du joug nazi.

SOS Racisme salue la décision prise par Benoît Payan, le maire de la ville, ainsi que les citoyens engagés qui demandaient depuis plusieurs années que cette décision soit prise.

Et pour cause : Bugeaud, envoyé une première fois en 1836 en Algérie afin de la“pacifier”, élabora et commanda les “enfumades” des Shebas et du Dhara, respectivement en 1844 et 1845. Son plan meurtrier consistait à asphyxier par la fumée des civils – femmes, hommes et enfants – en allumant un feu à l’unique entrée d’une grotte où ces personnes étaient réfugiées ou enfermées. Il tua ainsi des milliers d’algériens dans une politique d’extermination assumée auprès de ses lieutenants et qui, à l’époque, fit scandale jusqu’à la chambre des députés.

 

Pour Samir Bensalma, responsable du comité de SOS Racisme à Marseille : « Ce geste est important au regard de l’histoire de la ville et des ignominies de la colonisation. Nous devons néanmoins rester vigilants. Cette décision est fondamentale car elle montre que l’on cesse progressivement d’honorer des bourreaux. Mais elle n’est pas suffisante en elle-même pour effacer le racisme et les discriminations qui perdurent dans la ville. »

Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, « nous espérons que cette décision facilitera le changement de nom de l’avenue Bugeaud à Paris. La question de l’espace public et de qui y est honoré sont des enjeux importants car cela dit quelque chose des valeurs promues dans une société et parce que cela influe sur nos représentations. » En mars dernier, l’association avait mené une action symbolique durant laquelle nos militants ont remplacé les plaques de cette rue en y inscrivant « Avenue du boucher Bugeaud » ou « Avenue des enfumades ». Suite à cette action, des discussions avec la Mairie de Paris, représentée par les adjoints Laurence Patrice et Jean-Luc Romero, ont été initiées. Elles ont été constructives.

 

A l’occasion de la décision du maire de Marseille, nous demandons que, sans attendre, Anne Hidalgo, la maire de Paris, se prononce en faveur du changement de nom de l’avenue Bugeaud. Si le choix d’une nouvelle dénomination est un processus qui doit prendre le temps de la délibération collective, une chose peut et doit d’ores et déjà être énoncée : Paris n’a pas à avoir de rue portant le nom d’une personne qui fut un bourreau en Algérie et dont le second fait d’armes est d’avoir abattu des ouvriers dans la capitale.