Flambée de racisme anti-arabe en France : les pouvoirs publics doivent sortir du silence

Il y a quelques jours, Thomas, un lycéen de 16 ans, était poignardé à mort à Crépol.
Immédiatement, l’extrême-droite et une partie de la droite se sont emparées de ce drame afin
de déployer une rhétorique aux relents clairement racistes.

C’est ainsi que les termes de « racailles », « ensauvagement » et « décivilisation » ainsi que les
analyses ethnicisantes ont constitué la trame des prises de parole de nombreux responsables
politiques du RN, de Reconquête et de LR. A cet égard, les propos de Marine Le Pen, évoquant
des « razzias », signent une fois de plus l’imaginaire raciste que la présidente du RN essaie de
faire partager au pays.

En outre, des appels à des représailles ont été lancés sur des réseaux sociaux, conséquence
logique et pratique des expressions politiques expliquant, à l’instar de Marion Maréchal Le Pen,
que le meurtre de Thomas serait l’indice d’une « guerre civile » ou d’« une guerre ethnique ».
Au-delà des seules paroles médiatiques et virtuelles, des actes racistes se sont déployés dans
l’espace public, en vertu de l’analyse du meurtre de Thomas comme d’une guerre que
méneraient les Arabes envers les Blancs et qui justifierait de facto une responsabilité collective
des Arabes. A Romans-sur-Isère hier, où plusieurs dizaines de militants d’extrême-droite ont,
dans le quartier de la Monnaie, mené une expédition qui avait le goût de la ratonnade. Ou sur la
mosquée de Cherbourg, taguée également ce samedi par des « sales Arabes » ou des « mort au
bougnoule », en référence directe au meurtre de Thomas.

Bien évidemment, des gardes à vue et des enquêtes sont en cours sur ces différents délits et SOS
Racisme se portera partie civile dans les procédures judiciaires comme elle l’a fait dans les
affaires concernant la flambée d’actes antisémites que la France a connue depuis le 7 octobre.
Mais l’accélération des attaques racistes, adossées à l’épaisseur d’une parole publique
stigmatisante qui s’est installée et banalisée dans notre pays sur les derniers mois – en ciblant les
Arabes, les immigrés, les noirs ou les musulmans selon le besoin du moment -, nécessite
davantage. Au-delà de l’action de la justice ou des associations, il est de la responsabilité du chef
de l’Etat ou de la première ministre de réagir solennellement afin de rappeler le refus du racisme
en République et le refus des cycles de « vengeance » que l’extrême-droite essaie
manifestement d’enclencher.