Esclavage : la France s’engage enfin sur la voie des réparations morales et financières

On s’en souvient, le 10 mai 2013, à l’occasion de la Journée de commémoration de l’esclavage, François Hollande avait évoqué « l’impossible réparation ». Le 10 mai 2017, l’impossible deviendra  possible, et même réel. Dans son dernier grand discours avant la passation, le président de la République annoncera, sous l’égide de Jean-Marc Ayrault, la mise en place d’un GIP (Groupement d’Intérêt Public), qui deviendra en 2018 la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.

            En d’autres termes, l’État s’engage enfin à mettre en place des réparations morales et financières : financières, car une fondation, c’est de l’argent, et plusieurs centaines de milliers d’euros ont déjà été versés dans ce GIP ; morales, car il s’agit de financer des actions mémorielles, culturelles ou sociales propres à combattre les conséquences durables de la traite négrière dans nos sociétés modernes. C’est donc une première historique en France, et c’est même une première en Europe,

            Cette victoire, il faut le reconnaître, est le résultat du travail patient et infatigable des associations qui, depuis des années, ont milité pour expliquer aux autorités l’intérêt et la nécessité des réparations. L’année dernière, en outre, plus de 120 associations (dont le CRAN et SOS Racisme) avaient signé un appel pour les réparations. Le premier point concernait la mise en place d’un musée et d’une fondation pour la mémoire de l’esclavage. Et François Hollande avait annoncé en effet qu’il s’engageait en faveur ces deux requêtes (liens ci-dessous).

            Le CRAN et SOS Racisme, qui se félicitent de cette grande avancée, ont cependant trois réserves à formuler :

  • les associations qui sont à l’origine de cette initiative ont toutes été exclues du conseil d’administration du GIP. C’est évidemment choquant, et inquiétant pour l’avenir du projet.
  • le montant réuni pour ce GIP s’élève tout juste à « quelques centaines de milliers d’euros », de l’aveu même de l’Elysée, ce qui est assez médiocre au regard du crime contre l’humanité, et des bénéfices engrangés pendant des siècles. Il convient donc que des efforts supplémentaires soient consentis.
  • le musée qui avait été annoncé, et dont les bases devaient être jetées avant la fin de l’année 2016, n’est toujours pas à l’ordre du jour. C’est là un vrai problème.

            Le CRAN et SOS Racisme exhortent dont Emmanuel Macron à se saisir dès maintenant de ce sujet, afin que la politique de réparation engagée puisse se prolonger et se renforcer dans les mois à venir.

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