SOS Racisme

C’est avec tristesse que nous apprenons la mort d’Albert Memmi. Né en 1920, décédé en cette année 2020, Albert Memmi, le juif arabophone né à Tunis, aura traversé le siècle, les époques, la Méditerranée et sans cesse circulé entre ses – au moins – trois identités: juif, tunisien et français.

Farouchement anticolonialiste, il soutiendra le mouvement nationaliste tunisien mais ne trouvera pas sa place dans la nouvelle Tunisie.

Etudiant à la Sorbonne, il sera, aux yeux de ses condisciples, un petit maghrébin bien loin de la bonne bourgeoisie nationale.

Installé en France, il devra attendre plus de 15 ans avant d’en obtenir la nationalité (car il avait été trop anticolonialiste!).

Naviguant sans cesse d’une terre à l’autre et d’une identité à l’autre, il sera un témoin et un analyste privilégié des logiques, des contradictions et de la dialectique des situations coloniales qu’il dépeindra dans ses splendides « Portrait du colonisé » et « Portrait du colonisateur » en 1957.

C’est enfin à ce militant antiraciste que l’on doit les concepts de « judéité » et d’ « hétérophobie », qui connaîtront une grande prospérité dans le champ intellectuel.

Condoléances à la famille d’Albert Memmi ainsi qu’à ses proches. Pensons à lui car, en le faisant, nous pensons aussi aux identités multiples et trop souvent rendues tourmentées par les circonstances tragiques de l’Histoire et de ses ruptures. N’est-ce pas cela, finalement, dont nous sommes les héritiers?

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