Déclaration de Dominique SOPO, président de SOS Racisme, à la suite du discours d’Emmanuel Macron :
« Ce jeudi 15 août, la France commémore les 75 ans du débarquement en Provence durant lequel 350 000 hommes (et quelques femmes) s’élancèrent sur les côtes de France pour contribuer à la libération de la France et de l’Europe et à la débâcle des forces nazies. Dans cette marée humaine, près d’un quart de million formaient la 1ère Armée française, elle-même composée à une écrasante majorité de soldats venus d’Afrique du Nord et de quelques milliers de tirailleurs sénégalais venus de l’Afrique subsaharienne. Bref, dans cette armée de libération, ce sont les troupes coloniales qui furent l’ossature et donc l’instrument, pour la France, d’un rang retrouvé, après la débâcle de juin 40 et le rôle marginal joué sur les plages de Normandie.
Nous avons entendu et entendrons tout au long de cette journée des discours, y compris celui que le Président vient de prononcer à Saint-Raphaël. Ils ont été ou seront à l’occasion remplis de gravité et de reconnaissance. Mais ces discours se font face à la mer Méditerranée, hier porte d’entrée des libérateurs, devenue ces dernières années un tombeau pour les corps noirs ainsi que le lieu où errent des bateaux remplis de naufragés tout aussi noirs que les gouvernements européens, drapés dans leurs discours faussement dignes du « refus de l’appel d’air », rechignent à voir fouler notre sol.
Que valent alors les discours de commémoration lorsqu’ils ne servent plus à dire quelque chose sur le présent ? Que vaut la gratitude énoncée lorsqu’elle s’adresse pour l’essentiel à des morts dont on laisse aujourd’hui à l’occasion couler leurs arrière-petits-fils et arrière-petites-filles à quelques encablures de l’endroit où l’hommage est rendu ?
C’est très bien de commémorer des morts, c’est encore mieux de savoir accueillir les vivants. »
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