Commémoration de la seconde abolition de l’esclavage : des mesures présidentielles bienvenues mais insuffisantes
En cette journée de commémoration des 170 ans de la seconde abolition de l’esclavage, Emmanuel Macron a annoncé des mesures censées faire avancer le combat de la reconnaissance de cette mémoire, des luttes passées, des préjugés toujours agissants et des cultures issues de cette histoire douloureuse.
La confirmation de la mise en place de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage d’ici à la fin de l’année 2018 est bienvenue mais sans surprise, le principe en étant acquis depuis le 10 mai 2016 et le GIP préfigurant la Fondation – dont le président de SOS Racisme est membre du Conseil d’Orientation – en place depuis de nombreux mois.
Par contre, le soutien de l’Etat à la mise en œuvre d’un mémorial national à Paris est une bonne nouvelle, tant la capitale doit se doter d’un lieu portant reconnaissance de ce passé douloureux et aux stigmates toujours présents, seule façon de construire une société inclusive, capable de se projeter vers le futur.
SOS Racisme est cependant extrêmement déçu par le refus d’Emmanuel Macron de transformer l’Hôtel de la marine – lieu de la signature du décret par lequel Schoelcher abolit l’esclavage en 1848 – en musée de l’esclavage. L’argument de l’existence d’un musée à vocation nationale à Pointe-à-Pitre – le Mémorial Acte – est un argument naturellement non-recevable. En effet, le lieu des décisions politiques de la traite négrière et de l’esclavage n’étaient ni les Outre-Mer, ni les ports négriers, mais bien Paris en tant que capitale de l’Etat. En outre, un musée n’est pas simplement un symbole destiné à se donner bonne conscience ou à contenter des descendants d’esclaves. Il est avant tout un lieu de transmission de travail et de pédagogie afin d’édifier les Français, et notamment les jeunes générations. De ce point de vue, qui peut croire que les Français, et notamment les scolaires, feront massivement le déplacement vers Pointe-à-Pitre pour visiter le Mémorial Acte ?
Cet évitement sur la question d’un musée de l’Esclavage en un lieu central, derrière les enjeux financiers évoqués mezza voce, révèle que notre pays n’est pas encore doté de dirigeants ayant la maturité suffisante pour saisir l’importance des questions ayant trait à l’esclavage ou le courage suffisant pour affronter ce passé toujours agissant.
Emmanuel macron est encore au début de son quinquennat. Peut-être évoluera-t-il sur le sujet et honorera-t-il la promesse faite par son prédécesseur. Ainsi, peut-être aura-t-on un jour un pays dont les pouvoirs publics ne cherchent pas, au-delà de quelques mots à la gravité affectée, à cantonner cette histoire à une réalité strictement ultramarine.
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