CAN 2019 : quand la mairie de Béziers se félicitait d’interpeller ses citoyens

Il y a des tweets que l’on préférerait ne pas voir fleurir sur la toile, comme ce fut le cas le 15 juillet dernier, lendemain de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations, opposant l’équipe du Sénégal à celle de l’Algérie. Comme pour n’importe quelle compétition de haut vol, la victoire du pays du Maghreb fut célébrée par une explosion de joie. Une célébration colorée et métissée que la mairie de Béziers s’est empressée de sanctionner, s’en vantant sur Twitter : « Dimanche soir : 202 vidéo-verbalisations à Paris, 272 procès-verbaux dressés par la police municipale de #Béziers. Pour que force reste à la loi, simple question de volonté. #ALGNIG #CAN19. »
Au-delà de la surprise (bien déroutant de voir une ville se féliciter du nombre de procès-verbaux dressés en une soirée), c’est le message diffusé derrière ce tweet qui dérange.
Lors de la finale de la Coupe du Monde de football 2018, marquée par une victoire de la France, pas moins de 292 gardes à vue ont été recensées dans toute la France (source Le Monde). On est alors en droit de s’étonner que le nombre d’interpellations réalisées dans la ville de Robert Ménard cette année soit quasi-équivalent au nombre d’interpellations réalisées en 2018 sur tout le territoire pour un événement similaire…
En marginalisant et en caricaturant ainsi une partie de la population, la commune du sud de la France attise la haine pour asseoir sa politique identitaire.
Nous ne devons jamais laisser passer cela, raison pour laquelle SOS Racisme a demandé à ce que l’IGPN soit saisi « Dès lors, lorsque nous avons été informés de ce nombre hors-normes de procès-verbaux dressés sur le territoire de Béziers et de la nature de la communication de la mairie, des questions se sont posées à nous quant à la parfaite régularité des procédures suivies, régularité qu’une volonté de communication politique aurait pu altérer. C’est pourquoi nous vous contactons aujourd’hui afin de vous solliciter dans le but de mener une enquête », écrit-on dans notre courrier adressé au Ministère de l’intérieur.
Nous réclamons que la Direction de l’Inspection Générale de la Police Nationale mène une enquête sur ces faits.