A tout juste 19 ans, Adda Senani n’en est pas à son coup d’essai. Ayant notamment joué aux côtés d’Isabelle Huppert dans « Madame Hyde », il se lance pour la première fois dans la réalisation.
« Fièvre » est un court-métrage pensé et écrit par le jeune acteur. Consacrée à la place de l’homme dans la société et à notre rapport à la violence, l’œuvre traite, entre autres, des violences policières, sujet de toutes les controverses ces derniers temps.
Pour tourner son film, Adda Senani a choisi sa ville : Athis-Mons (Essonne). Soucieux de réaliser les scènes dans les meilleures conditions, il entame donc les démarches auprès de la mairie de la ville dès le mois de novembre 2018. S’en suit une succession de « mensonges, censures et intimidations », comme il l’explique à SOS Racisme. En effet, après des mois d’attente, de rendez-vous au commissariat, à la mairie et d’accords tacites par mails et SMS, les autorisations de tournage sont finalement accordées. Seulement, la veille du tournage, la mairie fait marche arrière et refuse le projet « en raison du contexte actuel sur la ville et du scénario. De plus, la préfecture et la police nationale sont tous deux contre ». Selon le jeune homme, qui a contacté la préfecture, celle-ci était pourtant « plutôt favorable au projet initialement et n’avait pas eu connaissance de la réponse formulée ensuite par la mairie ».
Adda Senani fait donc des pieds et des mains dans la nuit pour finalement obtenir un feu vert, mais avec une journée de retard : « Un préjudice professionnel et économique de 3600 euros », précise le réalisateur qui a dû travailler en agence d’intérim pour payer ses équipes. Il regrette par ailleurs que la police ne soit pas venue encadrer le tournage et n’ait pas prévenu le voisinage en amont des scènes de coups de feu, comme promis au préalable par les représentants des forces de l’ordre.
« Je veux aller au bout de mes démarches pour montrer aux jeunes de ma ville qu’ils peuvent arriver à réaliser leurs rêves et qu’ils ne doivent pas se laisser décourager »
L’absence de considération du projet de la part des pouvoirs publics témoigne d’une trop habituelle remise en question des projets montés par les « jeunes de quartier », trop souvent bloqués par un « plafond de verre ». C’est d’ailleurs contre cette situation qui pourrait mener au fatalisme qu’Adda Senani se bat : « Je veux aller au bout de mes démarches pour montrer aux jeunes de ma ville qu’ils peuvent arriver à réaliser leurs rêves et qu’ils ne doivent pas se laisser décourager ».
Aujourd’hui, le jeune acteur et réalisateur demande à la mairie d’Athis-Mons de le rembourser des frais engagés en raison des tergiversations des responsables de la ville. Il demande également de pouvoir terminer son film à Athis-Mons.
SOS Racisme, soucieux de l’importance des sujets abordés dans « Fièvre » et du respect du principe d’égalité, demande un rendez-vous avec la mairie d’Athis-Mons afin qu’elle soutienne la démarche d’Adda Senani plutôt qu’elle ne l’entrave.
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