Ce lundi 11 décembre, l’Assemblée nationale a adopté une motion de rejet du projet de loi Immigration porté par Gérald Darmanin.
Ce vote est l’un des multiples rebondissements qui ont entouré ce projet de loi depuis son annonce par Gérald Darmanin à l’été 2022. Que l’on en juge : après avoir fait l’objet d’une tension entre Elisabeth Borne et son ministre de l’Intérieur sur son opportunité et sur son contenu, ce projet était initialement annoncé à l’automne 2022. Il a été repoussé pour n’être examiné par le Sénat qu’en mars 2023. Son examen en séance a immédiatement été interrompu du fait des manifestations contre le projet de loi sur les retraites. Son sort est demeuré incertain, entre retrait pur et simple ou découpage du projet en plusieurs sous-projets. Finalement, Emmanuel Macron a annoncé que ce projet serait étudié en l’état. Et c’est seulement cet automne que le texte a été adopté par le Sénat. Et désormais, le voici rejeté par l’Assemblée.
Il appartient désormais au gouvernement de mettre un terme à cette mauvaise farce qui, depuis des mois a contribué à ouvrir les vannes de la stigmatisation des étrangers et de leurs enfants.
Alors que le gouvernement pourrait demander une nouvelle lecture au Sénat ou chercher à réunir une Commission mixte paritaire, SOS Racisme demande au Gouvernement de retirer ce projet de loi qui a contribué à alourdir le climat politique, à affaiblir la paix civile et à dégrader l’image de notre pays à l’étranger.
En effet, ce projet de loi, d’emblée placé par Gérald Darmanin sur le lien fantasmé entre immigration et délinquance, a validé un imaginaire d’extrême-droite malveillant vis-à-vis des étrangers et, par extension, de leurs enfants. Est-ce une coïncidence si les ratonnades ont fait leur retour dans notre pays en parallèle des débats parlementaires et médiatiques autour de ce projet de loi ?
En outre, ce projet de loi, porté par un ministre de l’Intérieur qui s’est comporté en apprenti-sorcier, a ouvert les vannes d’une course à l’échalote qui aura vu la droite sénatoriale s’aligner sur l’extrême-droite (et donc à la légitimer) en adoptant des mesures portées par cette famille politique depuis plusieurs décennies et en s’attaquant à notre Etat de droit.
Enfin, notre pays a donné l’image d’un pays recroquevillé, occupé à faire de la mauvaise politique, à remettre en cause nombre de ses principes (celui de l’égalité, celui de vivre en famille, celui de l’accès aux soins, celui du droit du sol…) et à construire des murs à l’endroit des hommes et des femmes jetés sur les routes de la migration.
Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, « il est de la responsabilité d’Emmanuel Macron et d’Elisabeth Borne de tourner la page de ce qui restera comme une séquence bien peu digne de notre vie politique. Ainsi, alors que les populismes d’extrême-droite gagnent en force en Europe et dans le monde, ce projet de loi et les débats qui l’ont entouré, bien loin de les combattre, ont contribué à légitimer les marottes de ces courants populistes, obsédés par le prétendu lien entre immigration et délinquance, la théorie complotiste du grand remplacement et une vision ethnicisée de la légitimité citoyenne. Il appartient désormais au président de la République et à la première ministre de permettre à notre pays de retrouver une vie politique digne de notre Histoire. Ou, au contraire, sous l’impulsion jusqu’au boutiste de Gérald Darmanin, de chercher un « deal » avec une droite parlementaire aujourd’hui alignée sur l’extrême-droite politique. »
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