Adoption du projet de loi Immigration au Sénat : quand la République recule

C’est sans surprise que le projet de loi « Immigration » a été adopté ce jour par le Sénat.

 

Le texte adopté comporte des reculs inquiétants pour les personnes étrangères. Sous l’impulsion de la droite sénatoriale, le projet de loi initial présenté par le Gouvernement – déjà lourdement problématique sur bien des points – a été considérablement durci. C’est ainsi, notamment, que l’Aide médicale d’Etat a été remplacée par l’Aide médicale d’urgence ou que le droit du sol a été écorné comme jamais il ne l’avait été, même pas par les lois Pasqua-Debré.

 

Au-delà de ces deux mesures, les atteintes aux garanties offertes aux étrangers contre leur éloignement du territoire, les attaques contre le regroupement familial ou le durcissement ahurissant des conditions de perception de plusieurs allocations (dont les allocations familiales et les APL) dessinent un projet de loi qui intègre en grande partie les mesures symptomatiques des obsessions de l’extrême-droite : lien entre immigration et délinquance, accusation faite aux étrangers de frauder notre système de protection sociale, agitation de la peur du « grand remplacement »…

 

Dans ces conditions, entendre le ministre de l’Intérieur affirmer qu’il est « heureux que ce texte soit adopté » confirme la posture d’appreti-sorcier adoptée par ce dernier, en ayant dès l’été dernier opté pour une position conciliante avec la partie de l’électorat la plus rétive aux étrangers et en ayant poursuivi sur cette ligne en concédant à la droite sénatoriale le bien-fondé de mesures pourtant profondément contraires à l’esprit de la République.

 

Face à cette attaque contre les étrangers et leurs enfants, SOS Racisme appelle les députés à y faire obstacle le mois prochain. L’association s’attellera par ailleurs à mobiliser les citoyens afin qu’ils fassent savoir leur opposition à une stratégie fondée sur la défiance envers les étrangers. Une stratégie qui fait honte à l’esprit de la République. Et une stratégie qui, en validant largement une vision que ne renierait par le RN, banalise dans l’opinion publique les thèses du parti d’extrême-droite.