40% au cours de leur vie, 24% sur les 5 dernières années : voici les pourcentages de personnes musulmanes vivant en France qui déclarent avoir été victimes de comportements racistes. Ces résultats révélés ce jour dans le journal Le Parisien ne montrent rien de très surprenant. Mais, tirés d’une étude réalisée pour le compte de la Dilcrah et de la Fondation Jean Jaurès, ces chiffres montrent une réalité massive à laquelle les populations musulmanes ou considérées comme telles, et sans doute plus particulièrement les populations identifiées comme arabo-musulmanes, sont confrontées.
Ce climat pesant et malveillant a été certes favorisé par les attentats qui ont touché la France ces dernières années puisqu’ils ont été perpétrés à plusieurs reprises par des individus se réclamant de l’Islam.
Mais il est également et surtout dû à celles et ceux qui, surfant sur cette situation propice à la peur, ont parfaitement compris qu’il leur était alors loisible, frontalement ou sous divers masques, d’attiser la haine envers les musulmans. Eric Zemmour en est un exemple frappant et caricatural. Mais, comme le rappelle Dominique SOPO, président de SOS Racisme, « au-delà de cet individu au discours d’une clarté qui ne laisse place à aucun doute, combien de compromissions de médias – à l’exemple de C News -, combien d’acteurs politiques et associatifs aux discours insidieux et de nature à constamment remettre en cause la pleine adhésion des musulmans à la France, combien de discours sur l’incompatibilité ontologique entre la religion musulmane et les valeurs de la République, combien de discours prenant le masque de la laïcité pour frapper – par le détour de la référence à la religion – les Arabes et ainsi éviter l’expression d’un racisme trop flagrant ? C’est tout cela que notre pays a vécu ces dernières années. »
Alors, face à cela, bien loin du piège du repli identitaire qui guette toujours lorsque l’on est frappé par le racisme, il faut militer et investir l’espace public et les espaces de discussion afin de contrer le racisme et les charognards qui s’en repaissent, que ce soit les racistes, les opportunistes de la démagogie ou des bourgeois communautaires qui guettent le moment où des individus, se sentant frappés et abandonnés, se livreront à eux en abdiquant leur volonté d’émancipation et d’épanouissement.Il faut également interpeller les pouvoirs publics qui ont une responsabilité à assumer dans la maîtrise de la parole publique – incertaine ces dernières semaines – et dans la vigueur de la lutte contre les discriminations, une lutte qui ne se mène pas qu’avec des mots mais également par des actes déterminés afin que la notion d’égalité – valeur centrale de la République – puisse avoir un sens pour toutes et tous.