Emmanuel Macron sur « Brut » : des annonces intéressantes, des réalisations attendues … et quelques silences à combler
L’interview donnée ce jour par Emmanuel Macron sur le média en ligne « Brut » a été l’occasion d’analyses et de propositions en lien avec les problématiques du racisme, des discriminations et des quartiers populaires.
C’est avec satisfaction que nous avons entendu le président de la République expliquer que SOS Racisme avait raison, en matière de discriminations, sur nos alertes et propositions. L’annonce que certaines de ces propositions seront mises en oeuvre prochainement est une bonne chose. Parmi elles :
– la réalisation d’un sondage permettant de faire un bilan sur l’ampleur des discriminations rencontrées, ce à quoi devrait aider la mise en place de la plateforme de signalement qui sera opérationnelle à partir du mois de janvier
– la formation de magistrats, de policiers et de gendarmes afin qu’ils aient les compétences nécessaires pour traiter des questions de discriminations
De la même manière, sur les questions de violences et de racisme au sein de la police, il est positif que le président de la République reconnaisse, même en termes modérés, les problématiques de la violence et des contrôles au faciès que subissent trop de jeunes de quartiers populaires, notamment lorsqu’ils sont d’origine maghrébine, subsaharienne ou ultramarine. Cette reconnaissance est d’autant plus importante que l’on ne règle que les problèmes que l’on reconnaît comme tels.
Enfin, la sensibilité du président de la République aux questions mémorielles dans le sens d’un dépassement des tensions et des ruptures que cela entraîne dans notre société est bienvenue, après une séquence qui, au coeur de l’été, avait été marquée par des analyses fermées et des mots durs.
Ces éléments positifs ne doivent cependant pas faire oublier quelques réalités, et notamment qu’ils doivent se fonder sur un approfondissement de la réflexion sur la nature des phénomènes auxquels nous sommes confrontés.
A titre d’exemple, la question des discriminations est une question particulière car l’on traite d’un délit généralement sans preuve qui ne se réglera pas avec le seul renforcement – évidemment important et nécessaire – du pouvoir d’action des victimes.
En outre, les engagements du président doivent gagner en audace (notamment concernant la réforme de l’IGPN ou la suppression de l’article 24 de la loi « sécurité globale ») ou être précisés (notamment en matière mémorielle). Ce sont ces exigences, centrales dans la jeunesse, que SOS Racisme s’emploiera à porter au niveau des pouvoirs publics car il en va de la justice et de la cohésion au sein de notre société.