Allocution de Macron : des déclarations de principe peu engageantes et un inquiétant déni sur la question du racisme dans la police
Ce soir, le président de la République s’est exprimé. Si le cadre des allocutions présidentielles n’est pas toujours propice à l’annonce de mesures précises, SOS Racisme s’étonne du caractère très général de l’intervention du président à un moment où de nombreuses propositions concrètes sont posées sur la table par la société civile pour agir contre le racisme, l’antisémitisme et la lutte contre les discriminations raciales dans tous les domaines de la société.
Si la volonté de lutter contre le racisme et l’antisémitisme qui a été exprimée par le chef de l’Etat est à souligner, elle ne doit pas rester lettre morte et doit se traduire par la mise en place de politiques publiques ambitieuses pour lutter contre les discriminations.
Ces déclarations de principe appellent à la vigilance, à la lumière de l’absence notoire de politiques fortes ces dernières années pour répondre au problème des discriminations raciales, à la lumière également de l’omission spectaculaire du président, dans son discours, de la question de la nécessaire exemplarité des fonctionnaires de l’Etat et en particulier des forces de police, alors même que les témoignages et preuves du racisme dans la police se sont multipliés ces derniers semaines. En effet, alors qu’à la suite du meurtre de George Floyd aux Etats-Unis, des millions de personnes s’émeuvent et se mobilisent à travers le monde entier contre le racisme, les violences policières et contre le racisme au sein de la police – l’omission du président de la République sonne comme un inquiétant déni.
Un déni doublé d’une confusion tout aussi inquiétante : les mouvements qui s’expriment partout à travers le monde depuis le meurtre de G.Floyd manifestent une soif d’égalité et de justice. La jeunesse et l’ensemble des citoyens qui se sont mobilisés ses derniers jours contre le racisme ne peuvent pas être qualifiés de « séparatistes » pour avoir dénoncé leur solidarité avec les victimes de violences policières, pour avoir dénoncé une rupture d’égalité et de justice. La volonté des citoyens de faire progresser les valeurs de la République ne peut pas être confondue avec le projet d’en saper les fondements !
SOS Racisme s’étonne par ailleurs de l’absence dans le discours du président de l’affirmation de la responsabilité et de l’exemplarité de l’état en matière de mise en place de politique de lutte contre les discriminations, dont le rôle est déterminant pour entraîner l’ensemble de la société.
Le président appelle à une consultation large dans les jours et les semaines à venir, SOS Racisme espère que cette déclaration sera mise en actes et que soit mise en place rapidement une réelle concertation de la société civile. Il faut que le gouvernement entende haut et fort la soif d’égalité exprimée massivement par la jeunesse et de nombreux citoyens ces derniers jours dans notre pays.