Multiplication de révélations sur le racisme au sein des forces de l’ordre : de quel autre corps de fonctionnaires accepterait-on de telles pratiques ?
Le 3 mai dernier, SOS Racisme, avec 300 organisations et personnalités, demandait au Premier ministre d’ouvrir le chantier de la lutte contre le racisme au sein des forces de l’ordre. Cette interpellation, qui faisait suite à l’emploi du terme « bicot » par des policiers parlant ainsi d’une personne de nationalité égyptienne, visait précisément à éviter, qu’une fois de plus, le scandale soit ramené à un incident isolé.
Quelques semaines plus tard, la thématique du racisme dans la police éclate à la face de la société. Ce qui n’était pas hier entendu ou écouté – le niveau exceptionnel du vote d’extrême-droite tout autant que les pratiques documentées de contrôles au faciès – fait désormais l’objet de débats et d’enquêtes.
Ces dernières heures, l’intérêt médiatique nouveau porté à ces questions a permis de montrer à quel point le racisme circule au sein des forces de l’ordre, notamment la police. Révélations d’un groupe Whatsapp où s’échangeaient des propos racistes, antisémites et violents, témoignages écrits et vidéos de policiers d’origine immigré ou ultra-marins disant à quel point le racisme circule au sein de leur corps et les touche à l’occasion, existence d’un groupe Facebook réunissant 8000 policiers et sur lequel circulaient en toute impunité des propos racistes, sexistes et homophobes…
Cette avalanche de révélations, qui montrent une saine libération de paroles jusque-là étouffées et un salutaire intérêt médiatique et citoyen à cette situation, n’a pour l’instant guère entraîné de réactions politiques et institutionnelles à la hauteur de ce que cela révèle, à savoir un racisme massif ou, à tout le moins, un silence massif face au racisme qui circule.
De quels autres corps de fonctionnaires accepterait-on de telles pratiques ? Dans quel autre corps de fonctionnaires de telles pratiques n’auraient-elles pas d’ores et déjà entraîné des condamnations claires, la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire ou l’intervention du président de la République ou du premier ministre ?
Il n’est pas admissible, dans une démocratie fondée sur l’égalité des droits et des dignités reconnues à l’ensemble des citoyens, qu’une telle situation puisse exister et que les pouvoirs exécutifs et législatifs ne s’en emparent pas.
SOS Racisme demande au Gouvernement de reconnaître le problème du racisme au sein des forces de l’ordre et de traiter ce problème à la hauteur de son intensité. Aujourd’hui comme le 3 mai, nous demandons au premier ministre d’ouvrir – enfin – le chantier de la lutte contre le racisme au sein des forces de l’ordre.