Explosion des actes racistes et xénophobes : Bienvenue dans la France de CNews !
Le Ministère de l’Intérieur vient de publier des chiffres alarmants sur le nombre des actes racistes et xénophobes commis en 2019 qui ont augmenté, selon la comptabilité du Ministère, de 130% par rapport à l’année précédente, mettant un terme à deux années de baisse.
Cette comptabilité alarmante est le fruit d’une parole publique, qu’elle soit politique ou médiatique, qui, ces derniers mois s’est caractérisée par une montée en puissance d’une revendication décomplexée de la haine à l’égard des immigrés d’origine maghrébine ou subsaharienne et/ou de confession ou de culture musulmane.
Lorsqu’un individu tel qu’Eric Zemmour appelle quasiment ouvertement à des ratonnades puis est embauché par une chaîne (en l’espèce CNews), cela légitime la parole de haine.
Lorsque des représentants de l’Etat ou des élus, par idéologie ou par cynisme électoral, tendent à légitimer l’hostilité envers les musulmans au nom des valeurs de la République et de la laïcité détournées de leur objet, cela légitime la parole de haine.
Lorsqu’une majorité écrasante de médias privent l’antiracisme de parole publique ou, dans une logique de buzz, de clash ou de show, mettent la parole antiraciste au même niveau que la parole de haine, cela légitime la parole de haine.
Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants qu’ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg du racisme. En effet, ils ne sont que la somme des faits rapportés puis identifiés et enregistrés comme tels par les services de l’Etat alors que, bien souvent, les faits racistes sont passés sous silence par celles et ceux qui en sont les victimes. En outre, il est à noter que l’expérience quotidienne du racisme renvoie, pour les populations maghrébines et subsahariennes, aux discriminations raciales, qui ne sont pas incluses dans ces chiffres déjà inquiétants.
Il est également à noter que, si les actions – et notamment les atteintes aux personnes – à caractère antisémite ont fortement baissé, le nombre d’actes antisémites recensés au total a encore augmenté de 27%, pour atteindre 687 actes, pour un groupe qui représente moins d’un % de la population française. La banalisation du discours d’extrême-droite – y compris dans sa dimension antisémite -, la propagation de la haine antisémite via les réseaux sociaux ou la force des logiques de boucs émissaires déployées notamment par l’extrême-droite traditionnelle ou des courants islamistes doivent à ce titre être combattues sans relâche, par la pédagogie et l’action judiciaire.
Il est enfin à noter que le nombre d’actes antimusulmans est en hausse de 50%. Si le nombre d’actes est limité, cette hausse importante ou la violence de l’attentat contre la mosquée de Bayonne et contre deux fidèles qui en ont échappé de justesse montrent la virulence de la haine envers les musulmans, qui vient souvent masquer ou doubler un tenace racisme antiarabe.
Pour Dominique SOPO, président de SOS Racisme, « ces chiffres montrent que le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie, la haine des musulmans… sont des matières inflammables à coté desquelles bien des personnes, dans l’espace public, jouent avec des allumettes. Ces chiffres doivent être pour chaque personne qui tient une parole publique un rappel à une exigence éthique et, pour chaque citoyen, une prise de conscience de la nécessité de s’engager, individuellement ou collectivement, contre la haine. »