Depuis quelques jours, des vidéos tournées pendant une soirée circulent sur les réseaux sociaux et montrent une femme grimée en noir, une seconde en tenue traditionnelle africaine et un homme portant un masque de singe. Les deux femmes sur fond de musique africaine, imitent l’accent, la gestuelle et les traits physiques soi-disant africains de manière caricaturale pendant que l’homme se déplace à la manière d’un singe. SOS Racisme a demandé à ses avocats de déterminer si l’ensemble de ces éléments, pris dans le contexte de la soirée, pourraient être constitutifs d’injures publiques à caractère raciste.
En effet, le « blackface » tel qu’il est ici utilisé puise ses origines dans le théâtre américain du 19ème siècle et visait à humilier les personnes noires en les ridiculisant. Cette utilisation raciste du « blackface » se perçoit dans les propos tenus avec l’imitation d’un accent prétendument « africain » par la personne l’arborant. En outre, le fait d’imiter un singe, dans le contexte de cette soirée, peut être perçu comme l’assimilation des personnes de couleur noire à cet animal, ce qui porte atteinte à la dignité humaine. « Le plus désolant, c’est que ce sont des jeunes qui soit s’adonnent consciemment à un racisme hypocritement nié, soit ne comprennent même pas qu’ils véhiculent le racisme », commente Dominique Sopo, président de SOS Racisme, en réaction à la réponse d’une des participantes à cette soirée : « Pour clarifier les choses, loin de moi la moindre pensée raciste, bien au contraire ! Il s’agissait d’un dîner entre potes sur le thème Africa, rien de plus. Désolée si cela a mal été interprété. Bonne année et viva Africa. »
A la suite du tollé provoqué par ces images, il s’est avéré que des personnes apparaissant dans la vidéo étaient employées de l’entreprise « Le Slip Français ». L’entreprise, après avoir déclaré condamner « fermement ces actes » et affirmé que les salariés concernés ont été « convoqués et sanctionnés par la direction », a pris contact avec SOS Racisme. Il a été discuté de la participation de l’association à la mise en place, en interne, d’un programme de sensibilisation aux problématiques du racisme et des discriminations.
SOS Racisme voit avec intérêt les condamnations formulées par l’entreprise ainsi que le contenu de la discussion, d’autant qu’il est important que chaque acteur s’implique, à son niveau, dans la lutte contre les préjugés, les haines et les discriminations.
Plus généralement, pour l’association, cette affaire témoigne surtout du fait que les représentations négatives à l’encontre des noirs restent profondément ancrées dans nos sociétés, tout comme toute une série de représentations tout aussi négatives à l’encontre d’autres groupes.
Pour combattre ces représentations racistes à l’origine des haines et des discriminations, la fermeté dans leur condamnation et la constance dans leur délégitimation doivent être les boussoles de chaque citoyen et de tous les acteurs collectifs.