Les faits remontent au 27 juillet 2016, le lendemain de l’attentat dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen.
Alors que M. Dia raccompagne ses filles et leurs enfants à leur véhicule au pied de son immeuble à Barentin (Seine-Maritime), le conducteur d’un véhicule s’en prend violemment à eux en les insultant : « sales noirs, c’est pas parce que tu es en robe et avec un chapeau que tu es tout permis… Si je descends c’est pas pour te taper c’est pour t’égorger, je suis Français, je suis chez moi et c’est à toi de dégager ». L’homme suit ensuite M. Dia jusque dans son ascenseur, le frappe au visage avant de le serrer au cou jusqu’à ce qu’il perde connaissance.
Au moment des faits, SOS Racisme avait été contacté par la famille de la victime et s’est constitué partie civile pour les soutenir à l’audience de première instance du 4 octobre 2016 devant le Tribunal correctionnel de Rouen. Malgré le témoignage des filles de la victime, témoins directes des injures à caractère raciste, les juges n’avaient pas retenu la circonstance aggravante du mobile raciste des violences. L’agresseur avait seulement été condamné à 5 mois de prison avec sursis. Une décision de justice jugée insatisfaisante par SOS Racisme, qui avait fait appel de ce jugement, ainsi que la famille.
Trois longues années de procédures judiciaires
Près de trois ans après les faits, l’audience devant la Cour d’appel de Rouen (le 20 juin dernier) a réveillé des traumatismes pour la famille de la victime, parfois même accusée de complot.
Représenté à l’audience par Maître Etienne Noël et Maître Eva Goron, c’est avec une grande satisfaction que SOS Racisme a appris que la Cour d’appel a requalifié les faits en retenant le mobile raciste de l’agression. L’agresseur, qui n’était pas présent à l’audience, a finalement été condamné à 5 mois de prison ferme.
Selon la Cour, « la gravité des faits est liée à leur violence, à la vulnérabilité de la victime ainsi qu’au caractère raciste des deux préventions qui sont contraires à toutes les valeurs qui fondent la République et les droits de l’homme ».
SOS Racisme se félicite de cette décision de justice et souligne par la voix de son président Dominique Sopo que « cette décision arrive trois ans après les faits et après une première instance qui n’avait pas fait justice à Monsieur Dia. Cette décision de la Cour d’Appel montre que, face au racisme, il faut persévérer. Elle montre également qu’il ne faut pas se laisser intimider lorsque des juges, comme ce fut le cas en première instance, tiennent des propos qui donnent davantage l’impression de faire le procès de la victime noire et de sa famille que du bourreau raciste. N’en déplaise éventuellement à ceux-là, la justice a fini par être dite et la dignité de M. Dia rétablie. »