Fusillade de Beaune : non, il n’y a pas eu de règlement de compte !

SOS Racisme s’émeut du traitement judiciaire et médiatique de la fusillade de Beaune survenue le 30 juillet dernier. En effet, alors que nous étions confrontés à des faits d’une exceptionnelle gravité agrémentés de propos racistes, la justice, par la voix du Procureur, a clairement privilégié dans un premier temps la piste du « règlement de compte » que rien ne vient pourtant attester.

 

Ce traitement est symptomatique des clichés les plus éculés qui peuvent frapper les jeunes de quartiers populaires. De victimes, les jeunes ont été présentés comme des personnes que de nombreux internautes se sont plus à présenter comme des délinquants et donc, dans leur esprit, des coupables de l’acte qu’ils venaient de subir.

 

Ce qui s’est passé à Beaune est une agression contre des jeunes agrémentée, au regard des témoignages concordants recueillis par le comité SOS Racisme Côte d’Or (cf. compte-rendu ci-dessous de la visite de SOS Racisme Côte d’Or à Beaune et aux victimes), d’une très forte suspicion d’une dimension raciste, manifestement écartée par le Procureur.

 

SOS Racisme demande que cesse cette sous-estimation systématique de la dimension raciste des agressions contre les personnes et demande que la justice se défasse de clichés qui l’amènent, à peine l’enquête débutée, à écarter ladite dimension, renvoyant les événements à un simple règlement de compte car intervenu dans un quartier populaire que tous les témoignages présentent comme habituellement calme. Conséquence d’ailleurs de ce traitement de l’affaire par la justice : aucun suivi psychologique n’a été initialement mis en place auprès des victimes malgré la violence des faits subis.

 

SOS Racisme réaffirme son soutien aux victimes et à leurs proches et leur apportera toute l’assistance nécessaire pour que la vérité soit dite sur cette affaire.

 

Contact presse :

Dieynaba BALDE (SOS Racisme Côte d’Or) : 0660495154

Samia CHABBAOUI (SOS Racisme national) : 0678013809

 

 

 

Compte-rendu de la visite de SOS Racisme Côte d’Or à Beaune et aux victimes de la fusillade

 

Une délégation du comité SOS RACISME Côte d’Or s’est rendue à Beaune le 2 août pour rendre visite aux victimes afin de leur apporter un soutien et leur signifier son indignation concernant la fusillade survenue le lundi 30 juillet 2018.

 

La délégation s’est d’abord rendue à l’hôpital de Beaune, au chevet de la victime âgée de 24 ans qui a été touchée au poumon, au foie, au rein et au dos avec plusieurs impacts visibles. Les événements qui l’ont touché l’ont traumatisé, ainsi que sa famille.

 

Plusieurs autres jeunes victimes aussi de la fusillade de lundi étaient présents. « Nous avons eu un entretien téléphonique avec son papa qui est très inquiet de l’état de santé de son fils, il est dévasté par la douleur. Il souhaite que les jeunes et leurs familles soient soutenus pour que toute la lumière soit faite sur ces actes de violences condamnables ».

 

La délégation  s’est ensuite rendue avec les jeunes au quartier Saint-Jacques sur le lieu des agressions. Ils ont réaffirmé avoir été victimes de propos racistes et ont également témoigné du calme qui règne habituellement dans leur quartier. Ils ont été surpris par la présence de cette Clio rouge qui est arrivée vers leur cabane sans beaucoup de bruit alors que cette aire de jeux n’est pas autorisée aux voitures, ce qui fut la source d’une altercation conclue par l’agression des occupants de cette voiture, poursuivant les jeunes à l’aide de leur véhicule. Ils déplorent le manque d’intérêt des médias pour relayer des faits très graves et le manque de soutien des autorités locales voire nationales face à une agression d’une exceptionnelle gravité, qui s’est finalement conclue par une fusillade qui aurait pu leur enlever la vie.

 

Ils nous ont fait part au demeurant de leur révolte concernant les commentaires haineux à leurs égards dans les réseaux sociaux, commentaires qui les assimilent d’emblée à des délinquants ou à de potentiels coupables de leurs agressions à cause de l’heure tardive ou de leur origine réelle ou supposée (exemple de commentaire sur les réseaux sociaux : « Depuis quand on interdit en France la chasse aux pigeons » ?). L’un des jeunes nous a dit : «Madame, ici il y avait  pizza, oasis, playstation et musique. Maintenant tout le monde a peur de sortir, d’habitude le soir, ce square est plein de monde».

 

Ils souhaitent tous une justice exemplaire et réclament la présence régulière de la police le soir dans leur quartier. La délégation de SOS Racisme 21 avant de quitter Beaune,  a souhaité un prompt rétablissement à toutes les victimes, leur a réaffirmé un soutien constant et a promis de revenir à Beaune les rencontrer.

 

Pour le Comité SOS Racisme de la Côte d’Or

La Présidente, Dieynaba BALDE