Femmes voilées verbalisées à Cannes et à Nice : le racisme à la plage
Les verbalisations de femmes voilées qui ont eu lieu sur la plage de Cannes puis sur celle de Nice montrent l’inéluctable dérive tout autant que le caractère grotesque des arrêtés municipaux anti-burkinis pris au cœur de l’été.
Caractère grotesque car cela revient à transformer les personnels chargés de l’application de cette réglementation en des spécialistes en tenues vestimentaires. Faudra-t-il donc que nous assistions à l’élaboration d’une jurisprudence municipale afin de savoir ce qui détermine un burkini ? Faudra-t-il que nous assistions à des réflexions aussi intenses que le fait de savoir si un burkini tient obligatoirement en une pièce ou si un deux ou trois pièces agencé de telle ou telle manière peut être qualifié de burkini ? C’est là pour les responsables politiques sombrer dans un ridicule achevé, à l’heure où nous serions en droit d’attendre d’eux un minimum de hauteur et de sérieux. Hauteur en rappelant au corps social qu’il y a une différence entre ce qui peut choquer et ce qui doit être interdit. Sérieux en s’attaquant aux vrais sujets, tel que celui consistant à savoir pourquoi, dans les Alpes-Maritimes, ces maires au verbe haut contre le burkini règnent sur un territoire devenu un des principaux pourvoyeurs de jeunes Français en départ vers la Syrie. S’expliqueront-ils sur leur propre fiasco plutôt que de créer d’insensées polémiques afin de jeter les musulmans en pâture ?
Inéluctable dérive car les arrêtés anti-burkinis, fussent-ils prétendument justifiés par des arguments aussi divers que l’hygiène, le contexte terroriste, la laïcité ou le trouble à l’ordre public ont été pris sur une base populiste visant à envoyer un signal dramatique : toute expression de l’Islam dans l’espace public sera réprimée. C’est dans ce contexte qu’il faut analyser les verbalisations de femmes voilées à Cannes et à Nice. Les personnels qui ont verbalisé n’ont après tout pas mal compris les arrêtés municipaux. Ils les ont au contraire très bien compris dans leur état esprit antimusulman qui, comme souvent, cache un état d’esprit antiarabe.
Pour Dominique SOPO, Président de SOS Racisme, « il est urgent que les responsables politiques cessent de jouer sur les peurs et les haines et se comportent comme ils le devraient : en constructeurs d’un lien social que certains s’emploient pourtant quotidiennement à détruire, par conviction ou par opportunisme ».
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