Interdiction du burkini sur les plages cannoises : la stratégie de la tension
L’arrêté municipal pris par le maire de Cannes, David Lisnard, et visant à interdire le burkini sur les plages cannoises jusqu’au 31 août s’inscrit dans une volonté de surfer sur les peurs suite aux attentats.
Les arguments utilisés pour motiver ou justifier cet arrêté, copié dans la foulée par le maire de Villeneuve-Loubet Lionnel Luca, sont aussi divers que farfelus :
- l’hygiène (en quoi ce vêtement pose-t-il un problème spécifique sur ce plan ?)
- la laïcité (ce principe sépare les Eglises de l’Etat et ne saurait servir de fondement à une quelconque interdiction vestimentaire dans l’espace public, comme le montre d’ailleurs la loi d’interdiction de la burqa qui dut être prise sur d’autres fondements)
- le lien avec l’extrémisme islamiste (les vêtements ne sont pas des objets neutres et sont porteurs de codes sociaux. Le burkini n’est assurément pas, dans un contexte français, une tenue progressiste. Il renvoie de façon lancinante à une morale corporelle à rebours de l’encore inachevée émancipation des femmes qui ne sera pas achevée tant que leurs corps ne seront pas entièrement leurs. Mais imagine-t-on sérieusement les femmes sous le joug de Daech se baigner avec des tenues moulantes ?)
- le risque de trouble à l’ordre public
Sur ce dernier point, n’est-ce pas plutôt le maire et ses collaborateurs qui usent d’une stratégie de la tension et risquent de porter atteinte à l’ordre public en s’abandonnant à cette pente dangereuse ?
Tout dans cet arrêté, fut-il maquillé aussi délicatement qu’une voiture volée aux couleurs de la République, laisse transparaître la malveillance envers les populations arabo-musulmanes. Puisque le lien avec le contexte terroriste est fait par les promoteurs de cet arrêté, rappelons à ce stade que ce que recherche Daech après chacun de ses attentats, c’est … la malveillance envers les populations arabo-musulmanes.
En se comportant tels des bravaches, ces individus, en plus de valider la stratégie de Daech et donc de signaler notre pays comme une cible à frapper à nouveau afin de continuer à nous déstabiliser, évitent pourtant des questions lourdes, à l’instar de nombre de leurs collègues de la même famille politique qui occupent des responsabilités dans le même département. Ainsi, adeptes des coups d’éclats et des paroles fortes, ces messieurs – qui laissent d’ailleurs bien peu de place aux femmes – pourraient-ils nous expliquer pourquoi le département où ils règnent en maîtres est un de ceux qui a fourni le plus fort contingent de départs de Français vers la Syrie ?
Répondre à cette question, il est vrai, nécessite un peu plus que des moulinets estivaux. Cela nécessite de regarder en face ses responsabilités.
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