Déchéance de la nationalité : « Monsieur le Président, finissez l’année dans la dignité : abandonnez votre projet de faire entrer la discrimination dans la Constitution »
Monsieur le Président de la République (une et indivisible),
En faisant adopter à votre initiative un projet de loi constitutionnelle ouvrant la voie à l’extension de la déchéance de la nationalité aux seuls binationaux, vous avez déclenché dans le pays une tempête et un malaise dont vous portez la responsabilité. Votre responsabilité est d’autant plus lourde que votre manœuvre, derrière des mots ronflants, n’a pour seule motivation que votre réélection en 2017.
A l’occasion des vœux que vous prononcerez ce soir, nous vous demandons d’abandonner ce projet fou qui verrait entrer dans la Constitution l’officialisation de la discrimination. Un projet que vous combattiez naguère et dont vous connaissez l’origine d’extrême droite.
En tant que dépositaire temporaire de la magistrature suprême de la République, vous avez le devoir d’en préserver les valeurs et de renforcer la cohésion nationale de notre pays.
Or, depuis plusieurs jours, c’est le chemin inverse que vous avez décidé d’emprunter, au péril de la valeur de l’égalité et en n’hésitant pas à plonger dans la stupeur, la colère et la peur plusieurs millions de nos concitoyens, et en premier lieu les binationaux.
Si vous vous entêtez dans votre posture, deux issues s’offrent alors à vous :
– soit votre projet est repoussé par le Congrès. Votre autorité en serait irrémédiablement affaiblie, d’autant que vous auriez provoqué d’immenses déchirures au sein de votre propre famille politique et au sein même de la Nation.
– soit votre projet est adopté en tordant le bras à nombre de parlementaires appartenant à la majorité présidentielle. Vous apparaîtriez alors comme celui qui a osé ce qu’aucun homme d’Etat sous un régime républicain n’avait osé, entraînant votre camp politique dans une profonde déroute morale.
Ces derniers jours, vous avez fait mal à la France. Certes, les sondages vous sont à ce stade favorables. Mais ils ne masqueront pas durablement la vraie question qui finira par se poser avec tout l’éclat qu’elle mérite : « Faut-il, oui ou non, constitutionnaliser la discrimination ? »
Nombre de ministres, de parlementaires et d’amis de combat vous ont indiqué le chemin de la dignité, qui ne peut être que celui de l’abandon de cette mesure dont nul ne maîtrisera la dynamique d’expansion. Suivrez-vous ce chemin ?
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