2 juin 1983 : Léopold Sédar Senghor devient le premier Africain à siéger à l’Académie française
Né le 9 octobre 1906 à Joal (Sénégal), Léopold Sédar Senghor était un poète, écrivain et homme politique sénégalais. Très vite intéressé par la littérature, il deviendra le premier Africain à siéger à l’Académie française.
Issu d’une une famille catholique appartenant à la bourgeoisie sérère, Léopold Sédar Senghor étudie à Dakar avant d’arriver à Paris à l’âge de 21 ans. Il étudie en classes préparatoires littéraires à Louis-le-Grand ainsi qu’à la Sorbonne. C’est là-bas qu’il rencontre Aimé Césaire dans la revue contestataire duquel il écrit ses premiers articles en 1935. La même année, Léopold Sédar Senghor obtient l’agrégation de grammaire qu’il n’a pu passer qu’en demandant sa naturalisation.
De prisonnier à homme politique
Il commence sa carrière d’enseignant au lycée Descartes à Tours, mais la Seconde Guerre mondiale se profile à l’horizon. Alors qu’il est enrôlé comme officier de l’armée française, il est fait prisonnier par les Allemands seulement un an après le début des combats et consacre alors son temps à la rédaction de poèmes. En 1942, il est libéré pour cause de maladies et reprend sa carrière d’enseignant. Il s’engage alors dans la Résistance.
Après la guerre, Léopold Sédar Senghor reprend ses fonctions à la chaire de linguistique de l’Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer. Quelque temps plus tard, le poète est élu député de la circonscription Sénégal-Mauritanie à l’Assemblée nationale où les colonies viennent d’obtenir le droit d’être représentées. C’est à ce moment-là qu’il s’investit davantage dans la vie politique et fonde, avec Mamadou Dia, le bloc démocratique sénégalais. Il est ensuite réélu député en 1951, nommé secrétaire d’État à la présidence du Conseil dans le gouvernement Edgar Faure. Au début de la Vème République, il est nommé ministre conseiller du gouvernement de Michel Debré.
Président du Sénégal de 1960 à 1980
L’homme politique est un fervent défenseur du fédéralisme des États africains et il se méfie donc de la création de l’AOF (Afrique Occidentale Française). Il fonde alors, avec Modibo Keita, la fédération du Mali qui regroupe le Sénégal, le Soudan français (aujourd’hui le Mali), le Dahomey (l’actuel Bénin) et la Haute Volta (ancienne appellation du Burkina-Faso). Finalement, en 1960, des tensions internes provoquent l’éclatement de cette fédération.
Le 5 septembre de cette même année, il est élu président de la République sénégalaise. Sa présidence fut marquée par l’instauration d’un système éducatif performant avec l’enseignement de plusieurs langues. En parallèle, il soutient la création de la francophonie et occupa le poste de vice-président du Haut-Conseil de la Francophonie.
Cependant, notamment à l’issue d’un conflit violent avec le chef du Gouvernement Mamadou Dia, son mandat est marqué par une dérive vers un régime autoritaire qui ne rétablira le multipartisme limité qu’en 1976, après l’avoir supprimé en 1962.
Léopold Sédar Senghor démissionne en décembre 1980 de la présidence de la République et est remplacé par Abdou Diouf, son premier ministre.
Le temps de la reconnaissance
Le 2 juin 1983, comme pour couronner sa longue carrière d’homme politique et d’écrivain, il est élu à l’Académie française où il fut le premier Africain à siéger en ces lieux. Ses poèmes et ses publications comme Chants d’Ombres sont unanimement reconnus. Il décède le 20 décembre 2001 à l’âge de 95 ans à Verson (Normandie) où il passa ses dernières années aux côtés de son épouse. Enterré au Sénégal, ni Jacques Chirac, président de la République française, ni Lionel Jospin, premier ministre, ne s’y rendront. Ces absences sont durement ressenties comme un manque de respect envers un Africain. Car les obsèques de Senghor sont certes celles d’un homme d’Etat mais également celles d’un amoureux de la France et de la culture française, qui donna ses lettres de noblesse à la francophonie.
Aujourd’hui, Léopold Sédar Senghor reste ancré dans nos mémoires par ses nombreux écrits tels que Prières aux masques. Considéré comme un des principaux auteurs de la négritude aux côtés d’Aimé Césaire, ses œuvres sont devenues des références littéraires et de grands centres culturels portent son nom, comme l’université Senghor à Alexandrie, inaugurée en 1990.