SOS Racisme

Aux élections présidentielles de novembre 1860, la victoire du républicain Lincoln – acquis aux conceptions des Etats du Nord – est l’étincelle qui met le feu aux poudres, après des années de montée des tensions entre ces deux modèles de développement. La Guerre s’étend du 12 avril 1861 au 9 avril 1865. Elle se solde par la mort de plus de 600.000 soldats, l’assassinat du président Lincoln le 15 avril 1865 et par une victoire du Nord ouvrant la voie à l’abolition de l’esclavage. Cette abolition sera effective le 18 décembre 1865 grâce à l’entrée en vigueur du 13ème amendement à la Constitution des Etats-Unis.

La totalité des 4 millions d’esclaves noirs est désormais libérée par le droit de la servitude. Mais, dans un Sud profondément traumatisé par la perspective de la fin du suprématisme blanc et humilié par la défaite, des groupes refusent cette nouvelle donne. C’est ainsi que dans la nuit du 24 au 25 décembre 1865, soit quelques jours après l’abolition totale de l’esclavage, quelques anciens officiers sudistes se réunissent à Pulaski dans le Tennessee pour former ce qui deviendra la plus célèbre et la plus sanglante des organisations terroristes américaines : le Ku Klux Klan (KKK ou Klan), dont le folklore (cagoules au bout pointu, croix en feu devant les maisons des noirs,…) le rendra immédiatement reconnaissable.

Par des complicités ou la participation active de notables et d’anciens militaires sudistes, le Klan devient une armée secrète de résistance aux évolutions promises par la Guerre de Sécession. Le but du KKK est de restaurer la suprématie blanche et protestante, en favorisant la désignation de ses candidats au sein du parti démocrate puis les victoires électorales de ce Parti (qui était alors le grand parti pro-esclavagiste !) et en luttant contre la mise en place de l’égalité entre les Blancs et les Noirs.

La terreur envers les Noirs et les Blancs soutenant l’égalité raciale sera l’arme de choix du KKK : intimidations, émasculations, pendaisons, fouettements, démonstrations de rues… Toute cette violence concourt à faire taire celles et ceux qui voudraient remettre en cause la suprématie blanche et protestante.

Craignant une réaction du pouvoir fédéral, le Klan se dissout officiellement en 1869, tout en continuant à mener une intense activité. Le 18 mai 1870, l’assassinat par le Klan et en plein tribunal du sénateur républicain John Stephens décide le président des Etats-Unis, Ulysse Grant, à réagir. En 1871, une loi fédérale (le Klan Act) permet au pouvoir fédéral de réprimer le Klan. Plusieurs milliers de ses membres sont arrêtés (mais assez rapidement libérés, faute de preuves à leur encontre) et le Klan est officiellement interdit en 1877.

Le Klan a disparu mais ses objectifs ont été atteints :

• Le pouvoir politique est repassé aux mains des suprématistes blancs.
• La Ségrégation se met en place. Car si l’esclavage et sa cohabitation hiérarchisée n’existent plus, il s’agit de remettre les Noirs à leur place en faisant en sorte de les discriminer et de les séparer des blancs dans la vie quotidienne. Les lois discriminatoires (lois « Jim Crow ») mises en place progressivement par les Etats du Sud seront validées par la Cour suprême des Etats-Unis, notamment à travers l’arrêt Plessy versus Ferguson de 1896 qui introduit le principe « separate but equal » (« séparés mais égaux »).

Après la fin de l’esclavage, les Noirs du Sud des Etats-Unis devront encore combattre et attendre que le mouvement des droits civiques, notamment emmené par Martin Luther King, obtienne que l’égalité juridique leur soit définitivement reconnue et appliquée.

Un 2ème KKK existera entre 1915 et 1944 mais, tout en rencontrant un grand succès, n’égalera jamais la force du premier. Après la seconde Guerre Mondiale, des tentatives de reconstitution d’un 3ème KKK seront menées mais n’aboutiront jamais à construire des groupes d’activistes dépassant la taille de groupuscules.

En 2014 dans le Missouri, suite à la mort de Mickaël Brown, un noir désarmé tué par un policier blanc, les Afro-américains organisent de nombreuses manifestations. L’actuel Ku Klux Klan participe à une collecte de fonds au profit du policier blanc et menace de mort quiconque se rendrait aux manifestations. Il n’en fallait pas plus pour provoquer une réaction des Anonymous qui piratent alors le site internet et les comptes Facebook et Twitter du groupuscule raciste.