Relaxe dans l’affaire Zyed et Bouna : un immense sentiment de gâchis
La relaxe prononcée ce jour par le tribunal correctionnel de Rennes en faveur des policiers renvoyés devant la justice suite à la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005 laisse un immense sentiment de gâchis.
Insusceptible d’appel, cette décision clôt le volet pénal sur la responsabilité de ces 2 morts. Mais, au-delà de la responsabilité pour non-assistance à personne en danger des personnes incriminées, il est des questions qui, en 10 ans, n’auront jamais pu être posées dans notre pays.
Pourquoi un déploiement massif de policiers a été opéré suite à l‘évocation de quelques jeunes jouant dans un quartier ?
Pourquoi des jeunes de quartier populaire, à la vue de la police et alors qu’ils n’avaient manifestement rien à se reprocher, ont préféré prendre la fuite et se réfugier dans un endroit où ils risquaient leurs vies ?
Manifestement, notre pays a une grande capacité à s’émouvoir pour ce qui se passe à Ferguson aux Etats-Unis et identifie avec une déconcertante facilité les mécanismes du racisme et du contrôle sécuritaire des territoires où vivent des Afro-américains.
Par contre, cette lucidité s’envole comme par magie lorsqu’il s’agit de regarder notre société en face et d’en analyser les dysfonctionnements.
Une fois de plus, les institutions de la République auront mis un couvercle en plomb sur ces questions et en appelleront sans doute, en cas de troubles dans les quartiers, à un ordre républicain dont elles refusent avec obstination d’en voir les hypocrisies au regard même des valeurs proclamées par la République.
Pour Dominique SOPO, président de SOS Racisme, « il est de la responsabilité du gouvernement de lancer enfin une réflexion sereine sur un fonctionnement des forces de l’ordre dans les quartiers populaires. Au-delà de sa traduction judiciaire, la justice, c’est aussi la justice dans le traitement des populations, quelles que soient leur couleur de peau, leurs origines, leur origine sociale. »