Loi travail : sortir d’urgence du bras de fer

Ni passage en force ni retrait, mais une révision du contenu du texte El Khomri. C’est l’appel lancé par plusieurs personnalités aux différents acteurs du conflit pour éviter l’escalade.

Nous n’avons jamais regardé le monde en noir et blanc ni divisé les gens en bons et en méchants. Nous y voyons hier comme aujourd’hui une infinité de nuances. Nous n’apprécions pas les diatribes antisyndicales quels que soient ceux qui les profèrent, et en particulier lorsqu’ils ont des responsabilités à la tête de l’Etat. Nous n’opposons pas non plus conflit et négociation parce que nous savons bien que le conflit a été et reste un moyen souvent indispensable pour conquérir des droits sociaux ou empêcher des reculs. Mais nous détestons également le jusqu’au-boutisme et l’irresponsabilité de ceux qui, dans le monde syndical ou ailleurs, choisissent la fuite en avant et croient que du pire pourrait sortir un monde meilleur.

C’est pourquoi nous lançons un appel solennel à tous les acteurs du conflit actuel : il faut impérativement trouver les moyens de sortir d’urgence de ce bras de fer en n’humiliant personne. Cela exclut a priori à la fois un passage en force sur le texte tel qu’il est et un retrait pur et simple. Il faut donc réviser le contenu de la loi travail sur certains points, et en particulier de son article 2. Des pistes existent et ont déjà été proposées ces derniers jours par plusieurs personnalités de tous bords. Si on ne se décide pas à sauter ce pas rapidement, l’escalade du tous contre tous risque de tourner au drame. Il en va probablement de l’avenir de la gauche.

Publié dans Libération – 30 mai 2016.


Jean Auroux ancien ministre du Travail ; Gaël Brustier politiste ; Fabien Chevalier président de Sauvons l’Europe ; Daniel Cohn-Bendit ancien député européen ; Joël Decaillon ancien secrétaire général adjoint de la Confédération européenne des syndicats, vice-président de Lasaire ; Guillaume Duval journaliste ; Pierre Henry dirigeant d’ONG ; Nicolas Lebourg historien et politiste ; Frédéric Sawicki politiste ; Dominique Sopo président de SOS Racisme.

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